Bernard Lavilliers : "Dans le métier, j’ai quand même quelques amis"

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A.D
Le chanteur a débuté sa carrière avec Higelin et Renaud, apprécie Johnny, Véronique Sanson et Benjamin Biolay mais se montre assez sévère avec Charles Aznavour.
INTERVIEW

A 71 ans, celui que ses amis appellent "le bandit" vient de sortir Cinq minutes au paradis, son nouvel album. Invité dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, Bernard Lavilliers est revenu sur les rencontres qui ont jalonné son parcours.

Higelin et Johnny, ses amis "qui ne vont pas très bien". Bernard Ouillon, devenu Lavilliers, commence dans les clubs parisiens de la rive gauche dans les années 70. Avec Jacques Higelin et Renaud, il se met alors à incarner une alternative à la variété premier degré. Ses copains de départ le sont restés, pourtant le musicien, qui se veut d'abord aventurier, gère l'amitié avec modération : "Il ne faut pas beaucoup d'amis. Trop d’amis tue l’ami", dit-il avant d'égréner les noms de ceux qui ont trouvé grâce à ses yeux : "J’ai Benjamin Biolay comme ami, j’ai la petite Jeanne (Cherhal), j’ai Véronique Sanson quand même. J’adore Véronique. On ne se voit pas tous les jours mais ce n’est pas nécessaire. J’ai Jacques Higelin mais qui ne va pas trop bien en ce moment, et même Johnny mais qui ne va pas très bien non plus. Dans le métier, j’ai quand même quelques amis avec qui parler d’un tas de trucs. Avec Renaud, on pouvait parler politique, avec Johnny, on pouvait parler motos sans aucun problème à l’époque. Avec Benjamin, on peut parler de tout un tas de trucs, évidemment d’Amérique latine, de musique, on peut philosopher, on peut boire aussi ce qui n’est pas mal", dépeint le chanteur.

Entendu sur europe1 :
Dans la chanson française, on parle de Brel, Brassens, Ferré et pas d'Aznavour. Mais je peux le rassurer, il n’y a pas Nougaro non plus, pas Gainsbourg non plus, pas Jean Ferrat.

"La distinction" de Jean d'Ormesson. Plus étonnant face à sa réputation un brin mauvais garçon, le chanteur d'Idées noires confie apprécier Jean d’Ormesson. "On s’est rencontrés, aussi bizarre que ça puisse paraître, au Parti communiste. Il faisait une conférence avec Roland Leroy, qui était rédacteur en chef de l’Humanité et qui avait bien connu Aragon, comme Jean d’Ormesson. Ils ont donc devisé sur l’œuvre. Je me suis aperçu que d’Omersson aimait vraiment beaucoup Aragon, ce n’était pas une posture", explique Bernard Lavilliers, qui s'est rapproché de l'écrivain grâce à son amour de la poésie. "Après, on se passe des coups de téléphone, on ne se voit pas toujours parce que c’est un vieux monsieur quand même. Mais j’adore son élégance, sa distinction, le français qu’il utilise pour s’exprimer", complimente le chanteur.

Aznavour, "ni un physique, ni une voix". Il est en revanche bien moins élogieux quand il évoque Charles Aznavour, laissant supposer au passage quelques griefs. De l'interprète de La Bohème, qui chante toujours à 93 ans, il dit que c'est un personnage "content. Il a  son étoile à Hollywood et tout ça, il a des petites breloques qui lui font plaisir. Il ne faut pas oublier que c’est un pauvre Arménien au départ, et qu’il n’avait pas un physique à la Gary Cooper, il n’avait pas une voix non plus. Il y est arrivé", glisse Lavilliers dans un portrait peu flatteur, avant d'ajouter : "Mais ce qui me fait bizarre, je le connais bien Charles, c’est qu’on cite toujours Brel, Ferré, Brassens dans la chanson française, et pas lui. Et je pense que lui, même s’il est le plus riche du cimetière, il y a un truc qui le pince parce qu'on parle de Brel, Brassens, Ferré et pas d'Aznavour. Mais je peux le rassurer, il n’y a pas Nougaro non plus, pas Gainsbourg non plus, pas Jean Ferrat", conclut-il.