Avec "Jusqu'à la garde", les violences faites aux femmes s'invitent aux César

Jusqu'à la garde, avec Denis Ménochet et Léa Drucker, est sorti grand gagnant de la 44e cérémonie des César.
Jusqu'à la garde, avec Denis Ménochet et Léa Drucker, est sorti grand gagnant de la 44e cérémonie des César. © KG_Productions / Allociné
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avec AFP , modifié à
Le film de Xavier Legrand, qui s'intéresse aux violences conjugales, est reparti auréolé du César du meilleur film, vendredi soir. L'occasion de (re)mettre ce sujet délicat sur le devant de la scène.

Il était parti grand favori, avec dix nominations. Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand, n'a pas démérité vendredi soir, lors de la 44e cérémonie des César. Ce drame étouffant, qui suit un couple en instance de divorce dont la femme accuse son futur ex-mari de violences, est reparti avec les prix du meilleur montage, meilleur scénario, du meilleur film et de la meilleure actrice pour Léa Drucker.

Une femme tuée tous les deux jours. Le réalisateur Xavier Legrand, monté deux fois sur scène, en a profité pour rappeler les derniers chiffres, alarmants, diffusés par des militants féministes qui recensent les femmes tuées par leur conjoint ou leur ex : depuis le 1er janvier 2019, elles sont vingt. Soit deux fois plus que l'an dernier à la même date. Soit une tous les deux jours, et non plus une tous les trois jours comme c'était le cas auparavant. "Il est temps de penser aux victimes un autre jour que le 25 novembre" [date de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes], a déclaré Xavier Legrand, très ému.

Hommage à "toutes les féministes". C'est tout aussi émue que Léa Drucker est venue récupérer son prix d'interprétation et le dédier à "toutes les Miriam Besson [du nom de son personnage], à toutes ces femmes qui ne sont pas dans une fiction mais dans la réalité". "La violence commence par les mots, on ne comprends pas que ces mots sont les débuts d'une menace", a-t-elle déclaré. L'actrice de 47 ans a également rendu un vibrant hommage à "toutes les féministes, celles qui agissent, écrivent, prennent la parole" et affrontent "des tempêtes d'injures" sur les réseaux sociaux. "Elles m'ont permise en m'éveillant d'être la femme que je suis aujourd'hui."

Thriller. Tiré d'un court-métrage, Avant que de tout perdre, déjà césarisé en 2014, Jusqu'à la garde raconte pendant 1h30 le divorce du couple Besson, au sein duquel Miriam accuse son mari, Antoine (Denis Ménochet) de violences. Pour coller au plus près de la réalité, Xavier Legrand a notamment rencontré des victimes, mais aussi une juge aux affaires conjugales, des psychologues et des policiers. Il a également assisté à des groupes de parole pour hommes violents. Conçu comme un thriller bien plus qu'un drame social, Jusqu'à la garde garde le rythme effréné et l'atmosphère étouffante du court-métrage Avant que de tout perdre. Bien servi par le talent de ses acteurs, qui étaient déjà présents dans le court-métrage, Xavier Legrand avait déjà remporté le Lion d'argent de la meilleure mise en scène à la Mostra de Venise, en 2017.