Le confinement a déjà inspiré la fiction audiovisuelle française, en témoigne le film Connectés, thriller sorti en novembre dernier sur Amazon Prime Video sans tambour ni trompettes (qu'il ne méritait d'ailleurs pas). Lundi, quasiment un an jour pour jour après le début de cette mesure sanitaire drastique contre le Covid-19, c'est au tour de la série de s'attaquer au sujet. Canal+ diffuse sa dernière création originale, au titre évocateur, 6 x confiné.e.s. Une suite de six sketches d'une vingtaine de minutes chacun, qui proposent six visions du confinement.
Regards décalés
On découvre ainsi un DJ condamné à proposer ses sets depuis chez lui sur YouTube, une bande de malfrats mise au chômage technique et contrainte de réinventer ses combines à base d'arnaque aux masques et au gel hydroalcoolique, ou encore une famille bourgeoise qui se languit dans sa grande maison à la campagne jusqu'à ce qu'un inconnu à moitié SDF tombe en panne et s'invite dans leur jardin. Ce faisant, la série explore des thématiques mises à vif par le confinement, de la résistance des couples à celle des familles, en passant par les inégalités sociales.
Mais l'objectif assumé est, ici, de ne pas s'appesantir ou s'aventurer outre-mesure du côté de la critique sociale. Au contraire, les regards se font décalés, impertinents et résolument originaux. Pour ce faire, la série s'appuie sur un casting prestigieux (Vincent Cassel, Ludivine Sagnier, Félix Moati ou William Lebghil, entre autres) et six réalisateurs et réalisatrices différents, pour la plupart inconnus du grand public, voire vierges de toute réalisation. L'humoriste Marina Rollman signe par exemple Gloria, dernier épisode de la série, consacré à une femme d'âge mûr qui invite à rester chez elle le charmant aide-soignant normalement dévolu à son mari dépendant.
"Prendre un peu de recul par le biais de personnages"
Faire rire, c'était aussi l'objectif de Pierre Maillard, qui met en scène dans L'amour du game un couple dans un appartement squatté. Lui est un streamer de seconde zone, elle n'a même plus assez de bande passante pour appeler sa mère et lui annoncer qu'elle vient de découvrir sa grossesse. L'occasion de parler de ces milliers de couples qui ont vécu l'enfermement à deux 24 heures sur 24 et y ont survécu (ou pas). "Je me suis séparé juste avant le confinement", explique le réalisateur. "Ça m'intéressait d'exorciser aussi par l'humour cette rupture que j'avais vécue. Comme ça a été une période difficile pour nous tous, je ne voulais pas plomber l'ambiance."
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Selon lui en effet, l'écueil d'une série sur le confinement aurait été de s'attaquer de façon moralisatrice au confinement. L'art, au contraire, doit permettre "d'en rire, de prendre un peu de recul par le biais de personnages, de l'imagination des auteurs et des scénaristes". La série s'attache d'ailleurs à traiter bien d'autres choses, de la masculinité aux violences sexuelles, en passant par la vieillesse.
C'est là, aussi, qu'elle trouve d'ailleurs sa limite. En multipliant les pas de côté, en se concentrant sur la vie intérieure de personnages censément enfermés, certains épisodes semblent même en oublier leur toile de fond.