Tati revit en 2D au cinéma

© Pathé
  • Copié
Marie-Laure Combes (avec AFP) , modifié à
Sylvain Chomet rend hommage à Jacques Tati dans L'Illusionniste, un film d'animation nostalgique.

Le music-hal dépassé par le rock'n roll, un prestidigitateur dont les tours de magie ne séduisent plus, en bute à l'indifférence du public. C'est la recette magique de L'Illusionniste, un scenario inédit de Jacques Tati mis en images par le talentueux créateur des Triplettes de Belleville, Sylvain Chomet

Le film redonne vie à la gestuelle du réalisateur disparu en 1982, avec des gags inédits fidèles à son génie burlesque. Le magicien lunaire et muet au coeur tendre, dégingandé et maladroit, est ainsi un cousin de ceux créés par Tati, de François le facteur de Jour de fête à l'imperturbable Monsieur Hulot, qui lui valut l'Oscar du meilleur film étranger en 1958 avec Mon oncle - dont un extrait figure d'ailleurs dans L'illusionniste.

Regardez la bande-annonce de L'Illusionniste :

La 2D, "imparfaite comme la réalité"

Outre ce plaisir nostalgique, ce dernier film, comme tous ceux de Sylvain Chomet, tire son charme et sa poésie d'un graphisme qui conserve l'imperfection du dessin à la main et de l'aquarelle. "Je tenais absolument à ce que le film soit dessiné à la main parce que cette technique lui donne un charme plus aérien et garantit que l’histoire soit un plaisir de tous les instants pour l’oeil, même dans les moments sans action. À mon avis, la force de la 2D, c’est qu’elle palpite, qu’elle est imparfaite, tout comme la réalité", explique Sylvain Chomet.

Le réalisateur a toutefois intégré quelques mouvements créés en 3D pour animer des éléments (train, voiture) qui se déplacent à vive allure. Mais tout s'intègre parfaitement à l'esthétique du film. "Il y a eu beaucoup d’allers-retours entre le dessin à la main et les procédés liés aux images de synthèse. Par exemple, le volant de la voiture est en 3D mais les mains du conducteur sont en 2D", explique Campbell McAllister, le superviseur des images de synthèse.

"La 3D est un piège"

Pas question d'en abuser non plus : "la 3D est un piège : vous travaillez sur des machines de plus en plus intelligentes, qui bientôt n'auront même plus besoin d'humains", avertit Sylvain Chomet.