L’immigration au cinéma : 5 films pour l’Histoire

Joaquin Phoenix et Marion Cotillard dans The Immigrant, de James Gray.
Joaquin Phoenix et Marion Cotillard dans The Immigrant, de James Gray.
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Alors que The Immigrant, le dernier James Gray, sort mercredi sur les écrans, l’historien du cinéma Daniel Chocron commente cinq films qui font date. 

L’héroïne est belle et pâle, dans le New York des années 20. James Gray aborde, avec son dernier film, The Immigrant, sorti mercredi sur les écrans français, un thème cher au septième art, celui de l’immigration.

>>> L’historien du cinéma Daniel Chocron commente pour Europe1.fr, cinq films sur le même thème, de Gray donc à Chaplin.

L'ACTU - The Immigrant, de James Gray (2013)

Le pitch - Ewa et Magda quittent leur Pologne natale pour New York. Ewa, se retrouvant seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, avant de se livrer à la prostitution.

L’œil de l’historien - "James Gray s’est beaucoup documenté sur le thème de l’immigration dans les années 20 aux Etats-Unis pour réaliser son dernier film. Cinéaste spécialiste de la communauté et de la famille,  James Gray réalise un film très riche à l’image de son cinéma, souvent assez lourd et très pensé, très construit. Dans ce film, on retrouve son acteur fétiche, Joaquin Phoenix, aux côtés de Marion Cotillard", commente Daniel Chocron.

Regardez la bande annonce du film : 

Pelle le conquérant, de Bille August (1988)

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Le pitch - Réalisé par Bille August, un cinéaste danois, Pelle le conquérant, Palme d’Or à Cannes l’année de sa sortie, raconte l’histoire d’une famille qui quitte la Suède pour le Danemark, dans l’espoir d’y trouver un emploi et une vie plus douce, à la fin du 19e siècle.

L’œil de l’historien - "Le film, qui met en scène l'incroyable acteur Max von Sydow, est d’abord une histoire entre un père et son fils, mais c’est aussi un film sur les immigrants, venus chercher une terre promise au Danemark, plein d’espoir dans le cœur et finalement cruellement déçus. Ce long-métrage est ainsi dominé par le froid. Il faut s’acclimater, s’intégrer, s’adapter à une autre culture. C’est vraiment un film sur la tragédie du sort des immigrants, et sur la survie", remarque Daniel Chocron.

 

La Noire de..., d'Ousmane Sembène (1966)

Le pitch - C’est l’histoire d’une Africaine, qui va devenir gouvernante dans une famille de Français, à Nice. Elle va complètement perdre pied. Maltraitée par ses employeurs, isolée des siens, confrontée au racisme, elle n’aura d’autre issue que le suicide.

L’œil de l’historien - "Il s’agit du premier long-métrage réalisé par un cinéaste d’Afrique noire. Ce film franco-sénégalais, écrit et réalisé par Ousmane Sembène. C’est cette fois la face très sombre de l’immigration qui est dépeinte. Celle du désespoir, de l’incroyable difficulté d’adaptation. L’immigration, sous l’angle de l’échec. A la fin du long-métrage, le chef de famille retourne en Afrique avec la dépouille de la jeune femme pour rendre son corps aux siens. C’est tout simplement tragique", se souvient Daniel Chocron.

Diouana, une jeune femme sénégalaise quitte Dakar vers la France et sa Côte d’Azur ensoleillée :

Rocco et ses frères, de Luchino Visconti (1960)
 
 Le pitch - Les personnages, une mère et quatre de ses cinq fils, quittent le sud de l’Italie pour la ville de Milan, où ils se mettent en quête d’un travail.

L’œil de l’historien - "Rocco et ses frères, chef d’œuvre du cinéma italien, aborde le thème de l’immigration sous un angle économique cette fois. Tout le film est axé sur la difficulté d’adaptation des membres de cette famille dans l’Italie d’après- guerre. Car les immigrés sont d’abord des gens déracinés, arrachés à leur contexte. Le réalisateur joue aussi sur le langage et fait s’entrechoquer le dialecte du sud à la langue officielle parlée dans le nord. Le ton du film est ainsi plutôt dramatique. Il s’agit là du dernier film d’inspiration néo-réaliste de Visconti", commente Daniel Chocron.

 Regardez un extrait du film : 

Rocco et ses frères - Visconti (1961)par kinsa

L’émigrant, de Charlie Chaplin (1917)

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Le pitch - Charlot est sur un bateau avec d'autres immigrés. Pendant le voyage vers New York, il rencontre une jeune femme qui s'occupe de sa mère malade. Lorsqu'il débarque, le poches vides, il trouve une pièce par terre et décide de se rendre au restaurant. Il y retrouve la femme du bateau.

L’œil de l’historien - "Ce film de Charlie Chaplin marque un tournant : c’est la première fois que le réalisateur introduit une dimension tragique à un cinéma essentiellement comique jusqu’alors. Dans ce très beau film, il mêle le rire aux larmes. Et Charlie Chaplin connaît bien son sujet : il est lui-même un immigrant, étant d’origine britannique. Bien qu’il ne fasse pas partie des migrants pauvres, il comprend bien la problématique, de l’intérieur. Ce qui est très beau dans ce film, c’est que plus les événements qu’il raconte sont tragiques – il dépeint des gens déboussolés qui vont tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique, des gens qui tentent de s’adapter et de survivre sur un sol qu’ils ne connaissent pas- plus il devient ingénieux et plus il laisse de place au ressort comique. Le film se termine bien car le personnage de Charlot, habitué aux épreuves, s’en sort toujours", note Daniel Chocron.

>> Et vous, quel est le film sur l’immigration qui vous a le plus touché ? Venez en débattre ici.