Astérix - Le Domaine des Dieux : un travail de Titan

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COLOSSAL - De l'idée du film à sa réalisation, le film a demandé quatre ans de labeur. 

"Oh vous savez, pour un film comme Astérix, on a même un spécialiste de la moustache!" Prononcée sur le ton de la plaisanterie par Alexandre Astier, qui s'est chargé du scénario d'Astérix - Le Domaine des Dieux, sur les écrans mercredi, cette petite phrase anodine est pourtant particulièrement juste. Car pour produire un tel film d'animation grâce aux techniques du design numérique et de la 3D, ce sont effectivement "au moins 200 personnes" qui planchent "rien que sur l'image ". De l'idée du film à sa réalisation, le travail, extrêmement séquencé, a duré pas moins de quatre ans. Le réalisateur, Louis Clichy, a répondu à nos questions.

>>> Trois questions à Louis Clichy, qui vient des studios Pixar et qui est le réalisateur du film Astérix - Le Domaine des Dieux.

Comment vous êtes-vous répartis les tâches ?  

"Dans un coin, le scénario est fait par Alexandre avec des allers-retours entre lui et moi. A la fin, on écrivait aussi la structure du film ensemble. A ce stade, c'est énormément de petits dessins, de petits croquis etc.

Parallèlement à cela, on commençait à préparer les personnages, d'un point de vue strictement technique. Avec ma petite équipe, constituée d'une quinzaine de personnes, on modélisait les personnages, à partir de ceux d'Uderzo. On faisait donc des tests avec la 3D, pour savoir par exemple comment animer la bouche, ou bien comment on allait rendre les cheveux d'Astérix. Plein de choses qui constituent en fait de la recherche.

Quand on a eu, avec Alexandre Astier, une histoire qui ne nous paraissait pas si mal, on a commencé à 'storyboarder' le film ( c'est-à-dire à en faire le découpage, en vignettes, avant la réalisation, ndlr). Là encore avec une équipe, de six personnes environ cette fois. On a aussi commencé à enregistrer les voix des dialogues. Ce sont seulement, à cette étape, des voix "témoins", c'est-à-dire, pas définitives. Tout ça nous a permis de réaliser une maquette du film, avec déjà, un premier timing de plans, un premier découpage de mise en scène, etc. On pouvait alors se rendre compte du rythme global du film et savoir si ça tenait la route ou non. On en était, à ce moment-là, environ à une petite année de travail, à l'été 2012."

C'est vrai qu'il y avait un "spécialiste de la moustache" ?

"Tout ce qui est 'cheveux' dans le film, et de manière générale tout ce qui est de l'ordre de l'organique, est confié à un département particulier. La conception des cheveux à l'écran nécessite en effet énormément de connaissances techniques, mais aussi un vrai sens artistique. C'est donc une personne en particulier qui était chargée de voir ce qu'allait donner le cheveu à l'écran. Si on faisait un cheveu réaliste sur une tête qui est quand même assez cartoon, est-ce que ça allait marcher ? Est-ce qu'on remplace simplement la moustache d'Astérix par une couleur symbolique, ou une texture spécifique ? On s'est posé toutes ces questions.

Et pour les vêtements ? "Il y a là encore un vrai département dédié aux vêtements, puisque ceux-ci sont complètement dépendants du mouvement qu'aura créé l'animateur, à l'étape précédente."

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Comment se déroule l'animation des personnages ?

Pour un personnage, il y a d'abord une modélisation, c'est-à-dire comme une sculpture en relief du personnage. Puis il y a une étape, appelée le 'rig', qui consiste à faire fonctionner le corps du personnage, de lui donner des muscles et un squelette. Ça c'est une partie très technique qui ne se voit pas. Enfin, c'est l'animateur va faire bouger tout ça. C'est encore une autre fonction, à partir d'un personnage enfin complet. L'animateur peut faire bouger une phalange, un genou, ou faire cligner l'œil du personnage. C'est lui qui va donner le mouvement. A cette étape, il a la voix du personnage, pour le guider dans son animation. En tout, ils étaient une petite quarantaine d'animateurs. C'est seulement une fois l'animation validée, qu'on peut commencer à mettre des textures, et remplacer le polygone en guise de moustache (encore elle !) par de vrais cheveux. Lors de cette étape artistique, graphique, on ajoute aussi la lumière, les ombres et les effets spéciaux.