Alexis Jenni, un patriote assumé

Alexis Jenni, agrégé de biologie, enseigne dans un lycée jésuite de Lyon
Alexis Jenni, agrégé de biologie, enseigne dans un lycée jésuite de Lyon © MAXPPP
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Assiya Hamza , modifié à
PORTRAIT - Le prix Goncourt 2011, professeur de lycée, est un amoureux de l'histoire de France.

Il se présente comme "un écrivain du dimanche". Alexis Jenni, professeur de sciences et vie de la terre dans un lycéen jésuite lyonnais, a été sacré mercredi Prix Goncourt 2011 pour son premier roman L'art français de la guerre.

"Depuis la fin de mes études, il y a vingt ans, j'ai écrit plusieurs choses qui n'ont pas marché. Alors je me disais que je resterais toujours un écrivain du dimanche, comme il y a des peintres du dimanche", confie l'auteur du prix Goncourt.

Sur son blog dessiné, Voyages pas très loin, il poste croquis et notes sur Lyon. "Le blog m'a beaucoup libéré, il m'autorise les petites formes, en plus des +grandes choses+ sur lesquelles j'aime travailler. Et le dessin me fait un bien fou", confie cet amoureux de cinéma, de bande dessinée... et de botanique.

"L'identité nationale m'a beaucoup inspiré"

Alexis Jenni se présente comme "un Français à fond : je suis pour la méritocratie républicaine, je défends la langue, l'histoire de France, etc", raconte l'auteur dans une interview accordée à L'Express.

Il y a cinq ans, cet agrégé de biologie de 48 ans, décide de se faire plaisir. Peu importe que son œuvre finisse sous une pile de manuscrits non publiés, Alexis Jenni veut aller jusqu'au bout. Il se lance alors dans l'écriture d'un récit d'aventure d'un côté, réflexion sur l'héritage des conflits coloniaux de l'autre.

"Enfant, j'ai beaucoup joué aux petits soldats et j'ai fait de nombreux cahiers de dessins de batailles - comme tous les gamins. Le projet initial était de retrouver cet esprit", explique l'auteur à L'Express.

Tout au long de ces 630 pages, son texte, mi-essai mi-épopée, l'écrivain, d'origine suisse, alterne scènes de combats poisseuses et tirades sur l'héritage des "vingt ans de guerres coloniales". "Le débat sur l'identité nationale m'a beaucoup inspiré mais je n'ai aucune préconisation, aucun avis. Je voulais amener à réfléchir", précise l'écrivain.

Ses élèves "un garde-fou" 

Alexis Jenni envoie son roman à deux éditeurs. Un mois plus tard, la réponse tombe : Gallimard souhaite le signer. Sorti en août dernier, le manuscrit est tout de suite un succès en librairie.

Le primé recevra un chèque symbolique de 10 euros. Surtout, avec ce prix, il gagne l'assurance de voir multipliées les ventes de son livre, déjà écoulé à 56.000 exemplaires.

Et, la consécration pourrait ne pas s'arrêter là. L'Art français de la guerre est toujours en lice pour les prix Médicis et Femina, qui seront remis dans les prochains jours.   

Le prof de sciences naturelles retrouvera ses élèves dès jeudi, "un garde-fou pour revenir à la réalité".