Budgets: «un mal nécessaire»pour la CFDT, la CGT dénonce un «passage en force»

Avec son passage en force des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale la CFDT dénonce "un mal nécessaire" bien que ce soit "un budget extrêmement dur". Avec deux 49.3, la CGT, elle, dénonce "un passage en force pour contourner la démocratie".
L'adoption des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale, via deux 49.3 dégainés lundi par François Bayrou, est "un mal nécessaire", a estimé mardi la CFDT, la CGT dénonçant "un passage en force pour contourner la démocratie". La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a jugé sur franceinfo que "c'est un mal nécessaire qu'on ait un budget" de l'Etat pour 2025 afin de "sortir de cet immobilisme" qui "génère énormément d'inquiétudes et a des impacts économiques".
Mais elle a ajouté que les textes restent "extrêmement durs" et déploré que "socialement, c'est un budget injuste et qui n'a aucune ambition écologique", car il "répond d'abord à des arrangements politiques, mais n'a pas pu vraiment faire l'objet de partage de visions des forces politiques". Interrogée sur les concessions faites aux socialistes par le Premier ministre pour éviter leur censure, Marylise Léon a répondu: "Je ne dis pas que les discussion n'ont pas permis un certain nombre d'avancées, comme les 4.000 postes d'enseignants maintenus", "néanmoins il y a des mesures dures, comme la baisse de l'indemnisation des arrêts maladies, qui vont peser sur le monde du travail".
"Un budget extrêmement dur"
Quant au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, "cela reste un budget extrêmement dur", a estimé la numéro un de la CFDT. A ses yeux, pour les deux budgets, "il aurait pu y avoir un partage des efforts plus équilibré", en mettant davantage à contribution les grandes entreprises, bénéficiaires "d'aides massives" notamment pendant la pandémie de Covid. "La remise en cause des cadeaux exorbitants aux entreprises n’est toujours pas à l’ordre du jour: pas question de toucher aux 100 milliards de dividendes versés en 2024", a déploré de son côté la CGT dans un communiqué.
La centrale de Montreuil s'élève notamment contre une baisse de plus de 3 milliards d'euros des dépenses consacrées au travail et à l'emploi, de près de 2,6 milliards de celles pour l'écologie, de près de 1,7 milliard de l'aide publique au développement et de près de 1,6 milliard des fonds consacrés à l'enseignement supérieur et à la recherche. "Tandis que des coupes sont opérées sur des secteurs sociaux et publics, des mesures de maintien ou d'assouplissement sont appliquées lorsqu'il s'agit du patronat, illustrant un traitement inégal des différents acteurs économiques et sociaux", accuse le syndicat.
Marylise Léon a pour sa part trouvé "indécente" l'intervention de Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, contre la surtaxe d'impôt sur les plus grosses entreprises, assimilée à une "taxe sur le made in France" qui "pousse à la délocalisation". Pour la CFDT, a-t-elle aussi indiqué, "il est urgent de mettre en place une conférence de finances publiques car le budget 2026 risque d'être encore plus difficile" à bâtir. "Il faut un investissement massif dans nos services publics et nos infrastructures pour préparer l’avenir. Le budget est un outil qui doit être mis au service d’un plan stratégique de réindustrialisation du pays", défend de son côté la CGT.