Trois millions d'enquêtes en attente, les policiers submergés : «On n'a pas le temps, on n'a pas les moyens»
Selon la police judiciaire, près de trois millions d’enquêtes seraient en attente en France. Les syndicats dénoncent les manques de moyens budgétaires et humains, notamment à Marseille où des membres d'Unité Police ont mené une opération de tractage pour alerter la population.
La question de la sécurité en France provoque un certain malaise chez les policiers. Entre manque de moyens, de personnel, les dossiers s'accumulent et ne peuvent être traités..
Les projections pessimistes de l'administration le sont encore plus. Si rien n'est fait, il pourrait y avoir d'ici 2030, 8 millions de procédures. La police est totalement débordée. C'est le cas notamment à Marseille où, fait rarissime, le syndicat Unité Police a organisé hier une opération de tractage pour alerter la population.
S'ils en sont là, dans la rue, tracts à la main, c'est que la situation est intenable pour ces policiers comme Franck, enquêteur à l'OFAST. "Un dossier criminel, il faut des mois et des mois d'enquête. Eh bien, on ne peut plus le faire. On n'a pas le temps, on n'a pas les moyens de le faire. Donc les enquêtes sont bâclées et forcément, il y a des voyous dehors et puis ils ont de beaux jours devant eux, ça me dégoûte. Maintenant, on n'a pas le moyen de prendre un Airbnb pour faire une planque sur un garage où de la drogue peut-être entreposée. On ne peut pas partir à la frontière espagnole pour faire des surveillances sur des mecs qui font des allers-retours. C'est fini, c'est la fin de l'investigation", détaille ce policier.
100.000 procédures en attente à Marseille
Rien qu'à Marseille, 100.000 procédures judiciaires sont en attente. Faute de moyens, ces dépôts de plainte seront classés ou bien frappés de prescription, déplore Eddy Sid du syndicat Unité. "On a des victimes qui nous appellent trois mois, six mois, deux ans après les faits et auxquels on ne peut pas donner de réponse. Ce n'est pas possible. Il y aura des laissés-pour-compte et nous n'acceptons pas que les victimes soient aujourd'hui abandonnées".
"Mais ce manque de moyens, les habitants rencontrés en ont bien conscience. Moi, ça m'est arrivé aussi en déposant une plainte. C'était il y a 16 ans où je n'ai jamais eu de retour", ajoute l'un de ses collègues. Résultat, les prestigieux services d'enquête connaissent une crise de vocation. L'époque où les policiers se bousculaient pour y accéder est révolue.