Rouen : la BRI intervient dans la mauvaise maison, la famille sous le choc

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© PATRICK KOVARIK / AFP
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Des agents de la BRI ont interpellé par erreur une famille dans la banlieue de Rouen ce lundi. Menottes, interrogatoires… le couple et leur fils de 18 ans ont été violemment réveillés, alors que les policiers recherchaient les suspects d'une action climat menée en décembre dans l'Eure.

Ce lundi 8 avril, un couple et leur fils de 18 ans, habitant près de Rouen, se sont retrouvés brutalement interpellés au petit matin. À cause d'un changement d'adresse, rapporte France Bleu Normandie, la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) pensait mettre la main sur des suspects dans l'affaire de dégradations du site Lafarge à Val-de-Reuil, dans l'Eure, en décembre dernier. Au bout de plus d'une demi-heure, les policiers se sont aperçus de leur erreur et ont quitté les lieux sans même s'excuser.

Réveil brutal

Il n'est même pas six heures du matin lorsque le père de famille, routier, s'apprête à quitter le domicile. Sur le palier, il se retrouve nez à nez avec une vingtaine de policiers armés, qui pénètrent dans la maison et montent directement au premier étage, sans donner d'explications. 

Là-haut, les agents de la BRI tombent sur la mère de famille, à peine réveillée. "J'étais à demi nue, ils ont tout de suite été très violents et très agressifs. Je leur ai demandé si au moins je pouvais m'habiller et là ça les a rendus dingues, ils m'ont mise à genoux les mains en l'air et ils m'ont menottée. Je leur ai demandé ce qu'il se passait, je tremblais, je pleurais et rien, aucun mot", rapporte-t-elle à France Bleu Normandie.

Les policiers filent également au deuxième étage et interpellent le fils du couple, en le tirant de son sommeil. "Ils déboulent dans ma chambre, ils tirent ma couette, je suis menotté, je ne comprends pas ce qui se passe en fait", témoigne le jeune homme de 18 ans toujours auprès du média.

Une famille sous le choc

Pendant de longues minutes, la famille est questionnée et les policiers demandent à chaque membre de décliner son identité à plusieurs reprises. Après vérification, la BRI reconnaît s'être trompée de cible et part sans excuses ni explications. "Ils sont partis et ils nous ont dit 'bon courage, ça ne va pas être facile', relate la mère de famille. C'était comme dans un mauvais film ou un jeu vidéo."

Son compagnon a repris le travail le lendemain, non sans garder un goût amer de l'expérience. "On n'a rien fait qui mérite d'avoir des 'Playmobils' dans le jardin", rapporte-t-il auprès de France Bleu Normandie. Choqué par l'intervention, leur fils, étudiant en psychologie, confie ne pas avoir pu se rendre à un examen qu'il devait passer lundi après-midi.

Demande d'indemnisation

Le procureur d'Evreux justifie cette erreur de la BRI par un changement d'adresse. "Les policiers cherchaient à interpeller dans cette commune", explique-t-il selon France Bleu Normandie. "C'est bien entendu regrettable, et les enquêteurs en sont, tout comme moi, désolés", indique également le procureur. La famille, traumatisée, n'exclut toutefois pas d'engager une procédure d'indemnisation. 

Malgré cette erreur, 17 personnes suspectées d'intrusion et de dégradations dans la cimenterie Lafarge à Val-de-Reuil en décembre ont été interpellées lundi et placées en garde à vue, selon le procureur d'Evreux. 16 des interpellés l'ont été en Normandie, un en Seine-Saint-Denis et tous sont majeurs, d'après un communiqué.