Mort d'Yvan Colonna : interrogé sur sa nouvelle version, le suspect garde le silence

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Franck Elong Abé, le suspect de l'agression mortelle du militant corse Yvan Colonna, a refusé de répondre aux questions du juge d'instruction. Il avait récemment "écrit au juge d'instruction pour évoquer un acte commandité par des individus (...) étant des agents de la DGSI". Le ministère de l'Intérieur avait dénoncé des "allégations totalement fausses et sans fondement".

Le suspect de l'agression mortelle du militant corse Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac, a refusé de répondre aux questions du juge d'instruction vendredi à Paris sur sa nouvelle version faisant état d'"un acte commandité", selon des avocats de parties civiles.

Lors de son audition, il a gardé le silence

Franck Elong Abé, 37 ans, avait récemment "écrit au juge d'instruction pour évoquer un acte commandité par des individus se présentant sous une fausse identité mais étant des agents de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) qui lui auraient intimé l'ordre d'assassiner Yvan Colonna" en prison en 2022, avait relaté le 20 mars une source proche du dossier. Auditionné vendredi sur cette nouvelle version par le magistrat instructeur, il a gardé le silence, ont indiqué des conseils de la famille du militant corse présents à l'interrogatoire.

"Nous regrettons cette attitude puérile et ce refus de répondre aux questions au moment où tout le monde est prêt à recueillir ses déclarations", a réagi auprès de l'AFP Me Sylvain Cormier, l'un des avocats du fils aîné de la victime. "C'est une reculade". Me Jean-François Casalta, qui représente la veuve d'Yvan Colonna, a fustigé "une attitude extrêmement méprisante et désinvolte". À la révélation de cette lettre par les médias corses, la source proche avait appelé "à considérer ses nouvelles déclarations avec la plus grande prudence" eu égard à son "état psychiatrique" et "l'incohérence d'une partie de son écrit". Les experts psychiatriques ont conclu à une altération du discernement du suspect au moment des faits, avait-elle rappelé. Le ministère de l'Intérieur avait dénoncé des "allégations totalement fausses et sans fondement". 

 

Franck Elong Abé est mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Il avait violemment agressé Yvan Colonna le 2 mars 2022 dans la salle de sports de la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône). Le militant indépendantiste, condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, est mort des suites de ses blessures. Elong Abé avait affirmé lors de ses premiers interrogatoires avoir "agi seul", "pour le compte d'aucun groupe", car Yvan Colonna aurait blasphémé le prophète Mahomet.

Il était classé détenu particulièrement signalé (DPS) en raison notamment de sa dangerosité et de son comportement violent. Une commission d'enquête parlementaire sur les conditions de cette agression mortelle a pointé notamment en mai 2023 de "graves défaillances" dans l'appréciation de la dangerosité de Franck Elong Abé et des "dysfonctionnements" d'ordre général dans l'établissement pénitentiaire.