Gendarme fauchée en Lot-et-Garonne : 30 ans de réclusion requis contre le chauffard
Il avait mortellement percuté une gendarme en fuyant un contrôle routier à l'été 2020 dans le Lot-et-Garonne, alors qu'il se trouvait sous l'emprise de stupéfiants. 30 ans de réclusion ont été requis mardi contre l'accusé, qui nie avoir foncé délibérément sur la victime. Yassine El Azizi, 31 ans, comparaît depuis le 16 juin devant la cour d'assises du département à Agen.
Sous l'emprise de stupéfiants, il avait mortellement percuté une gendarme en fuyant un contrôle routier à l'été 2020 dans le Lot-et-Garonne : 30 ans de réclusion ont été requis mardi contre l'accusé, qui nie avoir foncé délibérément sur la victime. Yassine El Azizi, 31 ans, comparaît depuis le 16 juin devant la cour d'assises du département à Agen pour violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
"Je ne lui reconnais aucune excuse car il a pris délibérément l'option de foncer sur la gendarme dans une extrême violence. Leurs regards se sont croisés", a lancé lors de son réquisitoire l'avocat général Pierre Sennes, en réclamant la peine maximale. Le décès de Mélanie Lemée, ex-championne de France militaire de judo qui venait de réussir à 25 ans l'examen d'officier de police judiciaire, avait suscité une grande émotion.
Le tout nouveau ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, lui avait réservé son premier déplacement en région puis s'était incliné deux jours plus tard devant son cercueil près de Bordeaux avant de lui remettre la Légion d'honneur à titre posthume. Une marche blanche avait également rassemblé 2.000 personnes à Aiguillon, petite ville de 4.000 habitants où la jeune Normande travaillait au sein d'une brigade de proximité.
Cocaïne
Son unité dépendait de la gendarmerie voisine de Port-Sainte-Marie, là où elle a trouvé la mort le samedi 4 juillet 2020 au soir en participant à l'interception d'un véhicule roulant à vive allure. Le conducteur, qui venait de refuser un contrôle routier, avait tenté vingt kilomètres plus loin de forcer un barrage de gendarmerie. Contournant des herses déployées sur la chaussée, il avait fait un écart brutal, percutant violemment la victime qui n'avait pas survécu à ses blessures.
Le chauffard conduisait sans permis, sous l'emprise de stupéfiants, et à une vitesse excessive (plus de 150 km/h). Il avait dans son véhicule 165 grammes de cocaïne. Citant les experts qui se sont succédé à la barre, l'avocat général a affirmé que "Yacine El Azizi avait une visibilité parfaite" et n'a eu "aucune action sur la pédale de frein", restant "pied au plancher", ce qui fait de lui "un tueur". Devant la cour, l'accusé a admis avoir pris "des risques inconsidérés" et "mériter la prison", tout en réfutant être "un meurtrier". "Je vois le camion de gendarmerie, j'ai vu les herses au dernier moment et le collègue de la victime reculer mais elle, je ne l'ai pas vue", a-t-il déclaré au sujet de la victime, maintenant que sa "seule volonté était de fuir".
"Pas un crime"
L'avocat des parents de la gendarme a décrit une "course à la mort en pleine conscience". "Il voit tout ce qui se passe, il voit des herses de quelques centimètres, il voit le véhicule de gendarmerie, il ne peut que voir les deux gendarmes au milieu de la route", a insisté Me Philippe Bellandi lors de sa plaidoirie lundi. "La course-poursuite, c'est un délit, c'est grave, on est tous d'accord, mais ce n'est pas un crime", a rétorqué mardi Me Victor Casellas, l'un des avocats de l'accusé, plaidant l'acquittement pour les faits criminels retenus contre lui.
La défense considère que son client aurait dû être jugé pour homicide involontaire aggravé par un tribunal correctionnel, et non aux assises. Son appel de l'ordonnance de renvoi avait été rejeté par la chambre de l'instruction puis par la Cour de cassation. "Ce n'est pas un homicide volontaire, vous ne pouvez accepter le diktat de personne", a lancé aux jurés l'autre conseil de Yassine El Azizi, Me Édouard Martial. Le verdict est attendu dans la soirée.