Criminalité : ce que l’on sait de l’opération «Prison Break» menée dans 66 prisons françaises
Une opération baptisée "Prison Break" a ciblé 66 prisons françaises pour saisir 5.000 téléphones miniatures illégalement introduits. Importés de Chine et revendus par Oportik, ces appareils ont servi à des crimes graves depuis les cellules. Trois fournisseurs ont été interpellés, l’ANSSI vérifie des risques cyber.
La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris a lancé une vaste opération baptisée “Prison Break” pour démanteler un réseau de distribution de téléphones miniatures illégalement introduits en détention. 66 prisons ont été simultanément perquisitionnées, 500 cellules fouillées et trois fournisseurs interpellés, selon Laure Beccuau, procureure de la République de Paris.
Ces appareils, aussi petits qu’un briquet, étaient conçus pour échapper aux portiques de sécurité des établissements pénitentiaires. D’après Laure Beccuau, ils étaient paramétrés spécifiquement pour passer inaperçus aux mains des détenus. Importés par une société chinoise, ils étaient revendus en France par le fournisseur Oportik, dont le nom de domaine a été saisi.
Un outil au service du crime organisé
Environ 5.000 de ces téléphones seraient en circulation sur le territoire national, selon le tribunal de Paris. Leur usage est interdit en prison, mais reste très répandu : plus de 40.000 téléphones ou accessoires ont été saisis en 2024, selon le ministère de la Justice.
L’enquête, pilotée par la BL2C, l’UNC et le Service national de renseignement pénitentiaire, a révélé que ces téléphones ont servi à commettre, depuis les cellules, des trafics de stupéfiants, des escroqueries, des incendies criminels ou encore des tentatives de meurtre commanditées.
Le parquet de Paris poursuit des investigations pour "administration de plateforme de transactions illicites" et "recel d’objets provenant d’infractions", et pourrait se dessaisir au profit des parquets locaux, en charge des suites judiciaires selon les lieux de saisie.
La justice soupçonne une portée internationale
Les téléphones saisis seront analysés par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) afin de détecter d’éventuels transferts de données vers l’étranger via des backdoors (une fonctionnalité inconnue de l'utilisateur légitime, qui donne un accès secret à un logiciel). Cette dimension renforce l’importance stratégique de l’opération, qui pourrait avoir des ramifications internationales.
Via Eurojust (Unité de coopération judiciaire de l'Union européenne), le parquet a transmis le mode opératoire de détection aux pays partenaires dans le but d'inspirer des actions similaires à l’étranger.