Chantage à la vidéo intime : le maire de Saint-Etienne à nouveau auditionné à Lyon

Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (ex-LR) est une nouvelle fois entendu vendredi par les juges d'instruction.
Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (ex-LR) est une nouvelle fois entendu vendredi par les juges d'instruction. © OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
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avec AFP
Englué depuis plus de seize mois dans une affaire de chantage à la sextape, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (ex-LR) est une nouvelle fois entendu vendredi par les juges d'instruction chargés de l'enquête à Lyon.

Englué depuis plus de seize mois dans une affaire de chantage à la sextape, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (ex-LR) est une nouvelle fois entendu vendredi par les juges d'instruction chargés de l'enquête à Lyon, a-t-on appris auprès de son entourage.

Gaël Perdriau refuse toujours de démissionner de la mairie de Saint-Etienne

Au cœur du dossier, son rôle éventuel dans le tournage, l'utilisation et le financement via des détournements de fonds publics d'une vidéo compromettante destinée à neutraliser politiquement son ancien premier adjoint centriste Gilles Artigues. M. Perdriau a déjà été mis en examen pour chantage et placé sous statut de témoin assisté pour "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique" le 6 avril dernier en lien avec cette affaire qui secoue sa ville depuis sa révélation en août 2022. Il avait alors été placé sous contrôle judiciaire, avec une caution de 60.000 euros.

À nouveau convoqué par les juges d'instruction, l'élu ex-LR de 51 ans a rejoint ses avocats au tribunal judiciaire de Lyon par une porte dérobée, a indiqué une source policière à l'AFP sur place. Exclu du parti Les Républicains, isolé, vilipendé par ses opposants mais aussi par certains de ses anciens amis politiques, M. Perdriau a toujours refusé de démissionner mais a dû réduire ses fonctions représentatives et se mettre en retrait de la métropole.

"Je me battrai pour démontrer mon innocence"

"En dépit des pressions que je subis, des injures qui me sont adressées et des déceptions que je vis, je me battrai pour démontrer mon innocence", avait-il déclaré début janvier après l'annonce de la mise en examen supplétive de son ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri pour "association de malfaiteurs".

Sans attendre l'issue de sa convocation judiciaire, de nouveaux appels à sa démission immédiate ont fusé après l'annonce de la nouvelle mise en examen de celui qui fut son bras droit à la mairie et à la métropole de 2014 jusqu'à son licenciement pour "rupture de confiance" fin 2022 en lien avec le scandale de la vidéo intime.

M. Gauttieri avait déjà été mis en examen pour "chantage" en avril dernier en même temps que M. Perdriau, qu'un ancien adjoint municipal Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet. Durant sa dernière audition par les juges d'instruction, l'ancien directeur de cabinet, qui avait jusque-là nié toute responsabilité dans cette affaire, a mis en cause le maire en affirmant qu'il avait donné son "feu vert" à l'opération de chantage et en avait réglé le financement, selon des extraits de procès-verbaux publiés par Mediapart.

 

L'affaire a éclaté fin août 2022 après que M. Rossary-Lenglet a révélé à Mediapart l'existence d'une vidéo tournée en janvier 2015 dans laquelle on voit M. Artigues se faire masser par un escort-boy dans une chambre d'hôtel. Il affirmait avoir participé à ce "barbouzage de mœurs" à la demande du maire et de son entourage, et assurait avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales subventionnées par la mairie.

Au fil des mois, les enquêteurs ont récupéré plusieurs enregistrements audio et vidéo étayant ses confessions. Parallèlement, des auditions et des perquisitions, accompagnées de saisies de documents, d'ordinateurs et de téléphones, ont nourri le dossier. Les responsables des deux associations incriminées dans sa rétribution illicite ont été mis en examen en décembre 2023 et en janvier 2024 pour "complicité de détournement de fonds publics" et "abus de confiance", avec pour deux d'entre eux, un chef additif d"altération de document".

Fin septembre, M. Rossary-Lenglet a aussi remis à la justice et à Mediapart une nouvelle vidéo prouvant son implication dans un projet de chantage visant à piéger l'ancien maire de Saint-Etienne, Michel Thiollière (UMP-Rad) en le filmant avec une prostituée mineure. Ce plan n'a jamais abouti mais le champ de l'enquête a été élargi au chef "d'association de malfaiteurs en vue de préparer le délit de chantage".