«Ça leur fait mal» : la saisie des avoirs criminels en constante augmentation et qui a plus d'impact que les peines de prison ?
En constante augmentation, la saisie des avoirs criminels permet depuis 2010 le dédomagement des victimes, de récupérer du matériel pour les forces de l'ordre ou encore d'alimenter les caisses de l'État. Une sanction qui aurait bien plus d'impact sur les malfaiteurs que les peines de prison. Illustration à Marseille.
La saisie des avoirs criminels, butin des malfaiteurs, est en constante augmentation. Entre 2012 et 2020, le total a triplé. Grâce à une loi de 2010, sur autorisation des magistrats, les enquêteurs peuvent saisir ces biens mal acquis, afin de procéder au dédomagement des victimes, d'abonder dans le budget de l'État ou bien de récupérer du matériel. Pour la gendarmerie à Marseille, c'est l'unité spécialisée de la section d'appui judiciaire qui s'en charge.
75 millions d'euros d'avoirs criminels saisis dans la région l'an dernier
C'est le dernier gros coup de la section d'appui judiciaire : un yacht de luxe récemment vendu aux enchères. "Cinq suites avec salle de bain, jacuzzi. Le vrai yacht de luxe qui a donc permis d'enganger 10 millions d'euros qui abondent les caisses de l'État", rapporte l'adjudant Patrice.
Ce qui n'est pas vendu ou détruit est parfois récupéré pour rentrer dans la dotation des unités de gendarmerie, comme des drones ou encore des voitures. "Vous voyez devant vous une petite voiture citadine qui sert au quotidien à des enquêteurs de la région et c'est une voiture qui a été saisie il y a un peu plus d'un an", détaille le lieutenant-colonel Sophie Catasso.
Le lieutenant-colonel dirige cette unité pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) sur des affaires aussi diverses que le banditisme en col blanc, les cambriolages ou encore le narcotrafic. Ces saisies semblent avoir plus d'impact sur les malfaiteurs que les peines de prison.
"C'est vrai que ça engendre un très grand mécontentement parce que quand on est voleur ou trafiquant, on sait que l'on s'expose à terme à une peine de prison. Mais lorsque l'on prend leur patrimoine comme un téléphone ou une maison, ça leur fait mal. C'était très souvent là qu'il y a des appels", explique-t-elle. L'an dernier, 75 millions d'euros d'avoirs criminels ont ainsi été saisis dans la région.