L'Académie du climat, un lieu de sensibilisation à l'écologie qui fait débat

académie du climat paris
© Antoine Boureau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
Ouverte dans l'ancienne mairie du IVe arrondissement de Paris en septembre 2021, l'Académie du climat suscite autant d'engouement que de critiques. Les détracteurs dénoncent un entre-soi et une vision du combat pour l'environnement politiquement orientée. À l'inverse, ses usagers expliquent qu'il a pour ambition de sensibiliser aux enjeux du réchauffement climatique.

Depuis son ouverture au cœur de Paris, l'Académie du climat suscite autant d'engouement chez ses usagers que de critiques chez ses détracteurs, qui dénoncent un entre-soi et une vision du combat pour l'environnement politiquement orientée. Pourtant, quand ce tiers-lieu ouvre ses portes en septembre 2021 dans l'ancienne mairie du IVe arrondissement à l'initiative de la Ville, il a pour ambition de sensibiliser, au travers d'activités et de conférences, "tous les publics" aux enjeux du réchauffement climatique, explique à l'AFP sa directrice Sarah Alby.

 

En un peu plus de deux ans, elle a accueilli 530.000 visiteurs et organisé plus de 7.000 événements. "Je ne m'attendais pas à un tel succès", se félicite Patrick Bloche, adjoint PS chargé de l'éducation à la mairie de Paris. Ce soir-là, dans l'ancien bâtiment administratif aux murs blonds, quatre jeunes psychologues et auteurs abordent par exemple la question des émotions liées à l'éco-anxiété. Tanguy Descamps, l'organisateur de la table ronde, qui participe au troisième événement de ce genre, se réjouit "d'avoir un lieu comme celui-là" pour rencontrer des acteurs de tous horizons.

Mais cette volonté de toucher des publics variés semble peu probante en pratique. Dans l'auditoire, Robin Le Priol, 30 ans, metteur en scène et militant écologiste, reconnaît "croiser assez rarement des personnes très éloignées" des problématiques de défense de l'environnement. Alexandra Bechikh, 22 ans, étudiante en danse contemporaine, estime elle aussi trouver en ce lieu "toujours le même type de personnes : des gens entre 23 et 45 ans, qui vivent à Paris, déjà très renseignés sur le sujet".

"Amateurisme"

Quelque "40.000 enfants parisiens depuis 2021 ont pu bénéficier d'une sensibilisation" au sein de l'Académie du climat", se félicite Sarah Alby. Soit, en l'espace de deux ans, moins d'un enfant scolarisé à Paris sur quatre.

Un constat qui fait grincer les dents de l'opposition au sein du conseil municipal, qui dénonce un "amateurisme", au vu des sommes engagées dans le projet : deux millions d'euros d'investissement initial, plus un million d'euros de fonctionnement annuel hors salaires, selon les chiffres communiqués par la Ville de Paris. 

"Ça ressemble à un gros bordel", estime le conseiller municipal LR Aurélien Véron. "Ce n'est pas de l'argent gaspillé, parce que le climat est un sujet important", admet ce représentant de l'opposition municipale, qui reproche cependant à Sarah Alby une "vision très partiale" de la lutte contre le réchauffement climatique, l'accusant de n'inviter que des "décroissants militants".

 

Et de fustiger la présence en ces lieux d'associations comme Extinction Rebellion, Riposte alimentaire ou encore les Soulèvements de la Terre, trois mouvements militants radicaux qui, selon Aurélien Véron, "ont des réunions régulières de recrutement, de formation dans cette académie, voire (qui ont eu) leur siège social pendant quelques temps (...) dans cet espace municipal". Il s'agit là pour lui d'un manquement à "l'exemple" de neutralité dont doit faire montre "une mairie comme Paris" face à des groupes qui "organisent la désobéissance civile".

Sarah Alby assure au contraire être simplement "mandatée" pour suivre "une feuille de route qui s'appelle le plan climat" de la ville de Paris. "Ces associations ne sont pas hébergées à l'Académie du climat", assure-t-elle. "Tout ce qui se fait à l'Académie, y compris avec ces associations, se fait dans le respect de l'État de droit", renchérit Patrick Bloche.

Décidée à suivre sa feuille de route, l'Académie veut désormais servir d'exemple en essaimant ailleurs en France - notamment dans les Pyrénées-Atlantiques, glisse Patrick Bloche, faisant allusion à un projet en cours - et dans le monde.