Soupçons de matchs arrangés en Ligue 2 : le procès s'ouvre ce lundi à Paris

Des membres de la direction des clubs de Caen et Nîmes sont soupçonnés d'avoir arrangé des matches en 2014.
Des membres de la direction des clubs de Caen et Nîmes sont soupçonnés d'avoir arrangé des matches en 2014. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Pierre de Cossette , modifié à
Neuf personnes sont jugées à partir de lundi à Paris pour une affaire de corruption qui avait défrayé la chronique, il y a quatre ans. A la fin de la saison 2013-2014, les dirigeants nîmois auraient approché plusieurs clubs pour tenter d'arranger les matches. Sept rencontres sont concernées dont une avec Caen. 

En football, on appelle ça "partager les points" : un match nul, un point de chaque côté. Le 13 mai 2014, cette solution arrangeait Nîmes et Caen. Les Nîmois d'abord, menacés de relégation en National, avec plusieurs millions d'euros en jeu. 

Des dirigeants sur écoute. Le président du club ne veut pas y penser ou plutôt si, il y pense. Il sait qu'en Normandie, un petit point manque aussi à Caen pour rejoindre la Ligue 1. Les deux dirigeants se parlent au téléphone, loin d'imaginer que des policiers les écoutent. Car voilà plusieurs semaines que des enquêteurs ont les Crocodiles nîmois dans le collimateur.

Des approches tentées avec d'autres clubs. Bastia, Brest, Créteil, Laval et Dijon : des approches plus ou moins claires ont été également tentées par le club gardois sur ces clubs, via des intermédiaires. A Caen, les vingt-quatre caisses de vin des Costières laissées devant le vestiaire adverse laissent songeur le juge d'instruction. L'un des arbitres, lui, parlera également des trente dernières minutes du match comme d'une "parodie de football", avec de la "passe à dix" qui ne trompe pas les spécialistes. 

Les joueurs, pourtant, affirment n'avoir reçu aucune consigne. Peu importe pour le juge, l'intention de corruption était manifeste et justifie un procès. Un point de droit qui sera au centre des débats devant le tribunal correctionnel de Paris dès lundi. Neuf hommes, dont Jean-François Fortin, l'ex-président de Caen et d'anciens patrons de l'équipe de Nîmes, devront s'expliquer sur ces différents points. 

"Pas le moindre élément de preuve sportive". La Ligue de football a d'ores et déjà mené une enquête. "Elle a mis des moyens très importants d’enquête, d’audition et de commission sur l’ensemble de ces sept rencontres", assure Christophe Bertrand, avocat, spécialiste du droit du sport, au micro de Raphaëlle Duchemin Europe 1 Bonjour. "Il ressort de ce dossier disciplinaire qu’aucune de ces rencontres n’a fait l’objet de trucage. Il n'y pas le moindre élément de preuve sportive". 

"Par contre, il ressort de ce même dossier que quatre de ces rencontres, dont le match contre Caen aurait fait l’objet de tentatives de la part des dirigeants nîmois d’essayer d’arranger le résultat", poursuit l'avocat. Autant de points que le tribunal aura à charge d'éclaircir.

>> Retrouvez l'interview de Christophe Bertrand, lundi matin sur Europe 1 :