Soupçons de matchs arrangés en Ligue 2 : "Il n'y a pas d'éléments de preuve sportive"

Des membres de la direction des clubs de Caen et Nîmes sont soupçonnés d'avoir arrangé des matches en 2014.
Des membres de la direction des clubs de Caen et Nîmes sont soupçonnés d'avoir arrangé des matches en 2014. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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Pauline Darvey , modifié à
Le procès de matchs présumés arrangés en Ligue 2 s'ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Paris. En cause, sept matchs disputés par Nîmes entre 2013 et 2014, et notamment une rencontre avec Caen. Selon l'avocat et spécialiste du droit du sport Christophe Bertrand, l'enquête de la ligue de football n'a pas permis de démontrer des éléments de preuve sportive. 
INTERVIEW

13 mai 2014. Caen affronte Nîmes en Ligue 2 avec un enjeu de taille pour les deux clubs. Avec un match nul, Nîmes peut sauver sa place en Ligue 2 et Caen valider son accession à la Ligue 1. Avant le match, les deux présidents échangent au téléphone. "C'est un point pour toi, non ?" "Ben si on est pas trop cons..." "Dis-toi que le nouveau président de Nîmes n'est pas trop cons..."

Sept matchs concernés. La rencontre se conclut effectivement par un match nul. Et cet échange en les deux patrons de club, capté par la police, interroge. S'agit-il de la corruption ? C'est ce que doit déterminer le tribunal correctionnel de Paris lors du procès qui s'ouvre ce lundi. Neuf hommes dont Jean-François Fortin, l'ex-président de Caen et d'anciens patrons de l'équipe de Nîmes comparaissent. Six autres matchs de L2 disputés par Nîmes contre Bastia, Dijon, Brest, Laval, Créteil, Istres sont également concernés. Un dossier qui a déjà été largement examiné par la ligue de football.

"La ligue de foot professionnel a mis des moyens très importants d’enquête, d’audition et de commission sur l’ensemble de ces sept rencontres", assure Christophe Bertrand, avocat, spécialiste du droit du sport, au micro de Raphaëlle Duchemin dans Europe 1 Bonjour. "Et il ressort de ce dossier disciplinaire qu’aucune de ces rencontres n’a fait l’objet de trucage. Il n'y pas le moindre élément de preuve sportive".

Faire miroiter des transferts. "Par contre, il ressort de ce même dossier que quatre de ces rencontres, dont le match contre Caen aurait fait l’objet de tentatives de la part des dirigeants nîmois d’essayer d’arranger le résultat" poursuit l'avocat. Parmi les moyens qui auraient été utilisés, des anciens joueurs ou des anciens dirigeants auraient approché des joueurs pour leur faire miroiter des transferts. 

Le tribunal devra décider s'il y a eu corruption passive ou active. Une notion relativement récente dans le monde du sport : "La corruption sportive active ou passive elle n’existe que depuis 2012", précise Christophe Bertrand. "Les paris sportifs sont autorisés en France depuis 2010, et c'est dans le cadre du contrôle de ces paris sportifs, que cette notion de corruption est apparue".

Des mécanismes de contrôle. Des paris qui offriraient paradoxalement des garanties anti-corruption, selon l'avocat : "Cela a permis la mise en place de mécanisme de contrôle, certainement bien plus importants qu’avant. L’Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne) vérifie tous les paris et dès qu’il y a des écarts anormaux, des alertes sont transmises. De la même manière, la Ligue demande des relevés à l'Arjel tous les six mois. Et tous les joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2, tous les abrites, tous les dirigeants sont contrôlés pour savoir s'ils ont pris part ou non à des paris sportifs".