«Une hérésie humanitaire» : les hôpitaux dénoncent la suppression de l'AME par le Sénat

Le Sénat a transformé l'AME en "aide médicale d'urgence" à l'occasion de l'examen du projet de loi immigration.
Le Sénat a transformé l'AME en "aide médicale d'urgence" à l'occasion de l'examen du projet de loi immigration. © Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP / Crédits photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La Fédération hospitalière de France (FHF) a dénoncé mercredi la suppression de l'aide médicale d'Etat (AME) réservée aux sans-papiers, adoptée mardi au Sénat. Il s'agit d'une "hérésie humanitaire, sanitaire et financière", fustige la FHF, estimant que cela pouvait avoir "des conséquences dramatiques sur un système de santé déjà en grande souffrance".

La suppression de l'aide médicale d'État (AME) réservée aux sans-papiers, adoptée mardi au Sénat, est "une hérésie humanitaire, sanitaire et financière", dénonce mercredi la fédération des hôpitaux publics, pointant le risque de "conséquences dramatiques" sur le système de santé, déjà en souffrance. Le Sénat a adopté mardi la suppression de ce dispositif - qui couvre intégralement les frais de santé des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois - et l'a transformé en "aide médicale d'urgence" à l'occasion de l'examen du projet de loi immigration. Le gouvernement ne s'est pas opposé à cette réforme, introduite par la droite.

"Rétablir ce dispositif protecteur essentiel"

"La FHF dénonce avec force une suppression qui risquerait d'avoir des conséquences dramatiques sur un système de santé déjà en grande souffrance. Elle appelle l'Assemblée nationale, qui se penchera sur le texte à partir du 11 décembre, à rétablir ce dispositif protecteur essentiel", écrit dans un communiqué la Fédération hospitalière de France (FHF).

La FHF pointe d'abord des "risques majeures en termes de santé publique", alors que ces personnes sont "souvent plus précaires et sujettes aux maladies infectieuses". Cette réforme "revient à affaiblir notre système de santé, à rebours du virage préventif souhaité par tous les acteurs", juge-t-elle, déplorant que "les leçons de la pandémie de Covid-19 semblent oubliées".

Les soignants face à "une situation de dilemme éthique"

"Sur le plan financier, la suppression de l'AME fragiliserait de façon extrêmement forte un hôpital public soumis à de fortes tensions budgétaires" en le privant "des financements associés à la prise en charge des personnes malades, qui continueraient d'être soignées", poursuit la fédération. "L'ensemble de la communauté scientifique, médicale et économique s'accorde à dire qu'une prise en charge précoce des problèmes de santé est souvent moins onéreuse qu'une prise en charge tardive", "aux effets désastreux pour les personnes", ajoute-t-elle.

La fin de l'AME placerait enfin les soignants "dans une situation de dilemme éthique et déontologique inacceptable : refuser des soins nécessaires et un soulagement de la souffrance ou soigner en dégradant la situation budgétaire de leur établissement", déplore encore la FHF. "J'appelle les parlementaires qui examineront le texte à l'Assemblée nationale à suivre la voix de la raison et à rétablir ce dispositif", plaide le président Arnaud Robinet.