Ancien apprenti, le fondateur de Bricorama veut que l'apprentissage soit une "filière noble"

  • Copié
Mathilde Durand
Ce mercredi est une journée nationale de mobilisation pour les jeunes et l'apprentissage. Passé par un apprentissage dans une boulangerie puis dans une charcuterie avant de fonder les magasins Bricorama, Jean-Claude Bourrelier appelle à la reconnaissance de cette filière mardi sur Europe 1. 
INTERVIEW

"Déconfine ton avenir, choisi l'apprentissage". Ce mercredi, une journée nationale de mobilisation pour les jeunes et l'apprentissage est organisée par les chambres des métiers et de l'artisanat. Les 112 centres de formation d'apprentis (CFA) en France proposent des "portes ouvertes" virtuelles pour conseiller, orienter les élèves intéressés. Jean-Claude Bourrelier,​ ​PDG de Bourrelier Groupe et fondateur de Bricorama, a lui-même commencé sa carrière professionnelle en apprentissage. Sur Europe 1, il défend cette formation et appelle à plus de reconnaissance de l'apprentissage, "comme une filière noble". 

Un changement de regard

"J'ai commencé comme apprenti boulanger et comme j'avais des problèmes de santé avec la farine, j'ai traversé la rue et j'ai fait mon apprentissage de charcutier", raconte Jean-Claude Bourrelier, qui se souvient d'une période "enrichissante", mais "très dure".

"J'étais un très bon élève à l'école et j'aurais aimé continuer les études. Mais comme j'étais dans un milieu ouvrier (...) : tout le monde partait en apprentissage", poursuit-t-il. "Il n'y avait que ceux qui étaient des classes sociales favorisées qui poursuivaient des études. C'est un monde qui a changé. Tout a changé. Et le monde des années 1960, qu'on appelle 'les Trente Glorieuses' on ne l'a pas vécu glorieusement. On l'a vécu au travail, pour le travail."

Il salue le changement de regard progressif sur le travail et l'apprentissage. "Il semblerait que depuis quelques temps, on commence à faire des efforts pour que ceux qui suivent l'apprentissage aient un peu plus de droits", souligne le fondateur de Bricorama. "Je pense qu'on en prend conscience que nécessité fait loi, et espérons que les lois vont suivre la nécessité. Il va falloir effectivement qu'on reconnaisse l'apprentissage comme une filière noble." 

La reconnaissance pour les apprentis

Pour une reconnaissance totale des apprentis, il reste cependant du chemin à faire, selon Jean-Claude Bourrelier. "Je pense que, si on veut revaloriser l'apprentissage, il faut que l'on donne aux anciens apprentis les mêmes chances d'évolution carrière que ceux qui ont fait des études longues. Je ne vois pas pourquoi on fait autant de discrimination", déplore Jean-Claude Bourrelier, qui soumet l'idée d'une parité dans les conseils d'administration, à l'image de celle instaurée pour les femmes. 

"Je ne vois pas de reconnaissance de ceux qui, par leur métier, par leur implication dans le travail, sont vraiment valorisés. Heureusement, il y a la télévision maintenant qui, avec toutes les émissions culinaires etc, font des passerelles pour remettre un petit peu en lumière ceux qui savent travailler de leurs mains, des artisans et des anciens apprentis", se réjouit-il. 

Un parcours qui peut être difficile

La France comptait 485.800 apprentis en 2019, une hausse de 16% par rapport à l'année précédente. Pour Jean-Claude Bourrelier, l'apprentissage lui a inculqué de nombreuses valeurs, malgré "des souvenirs très difficiles". "Ça m'a donné une notion du travail, du travail bien fait, de l'implication dans le travail. Et c'est effectivement une méthode qui vous forme pour la vie. Mais je voudrais que tous les apprentis soient aussi heureux que moi maintenant", explique-t-il.

"Un bon apprentissage vaut mieux que de mauvaises études. Donc, l'apprentissage peut vous apporter autant que ça m'a apporté à moi. Mais naturellement, comme partout, il faut travailler et surtout travailler passionnément. Mais faisons en sorte que pour les apprentis, ça ne soit pas une course d'obstacles", conclut Jean-Claude Bourrelier.