Calais : opérations coup de poing pour exiger le démantèlement de la "Jungle"

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Une chaîne humaine s'est formée pour bloquer la route. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Routiers, agriculteurs et commerçants ont conduit des opérations escargot lundi dans la région de Calais, pour demander la fermeture du camp de migrants.

"Jungle" plus peuplée que jamais, incidents réguliers sur la rocade portuaire, image de Calais écornée : excédés, des acteurs économiques du Calaisis, à commencer par les routiers, ont organisé lundi matin des opérations pour réclamer le démantèlement rapide du plus grand camp de migrants de France.

Blocage des routiers et agriculteurs. À bord de plusieurs dizaines de camions, des transporteurs routiers de la région ont quitté vers 8 heures Loon-Plage, près de Dunkerque, et Boulogne-sur-Mer, sur l'A16 Paris-Ostende en direction de Calais, et causé d'importants bouchons. Une importante file de tracteurs d'agriculteurs s'est ensuite greffée au cortège qui avait pour finalité de bloquer en fin de matinée un axe particulièrement utilisé par les transporteurs européens pour rejoindre l'Angleterre via le port de Calais, premier de France pour le trafic passager, ou le tunnel sous la Manche.

"Cette manifestation, c'est pour crier (...) vraiment le ras-le-bol de la profession, des transporteurs routiers" face aux "actes d'incivilité dont nous sommes victimes au quotidien. Aujourd'hui, ce que l'on réclame, ce sont des mesures d'urgence pour que l'on puisse rouler en toute sécurité sur l'autoroute A16 et sur la rocade portuaire", a déclaré David Sagnard, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR) Nord-Pas-de-Calais. 

Soutien des entreprises locales. Sous une fine pluie, les deux imposants convois, encadrés par des forces de l'ordre, roulaient à faible allure et recevaient régulièrement, à coups de klaxon, le soutien d'automobilistes et routiers roulant dans le sens inverse. Dans un communiqué, la CGPME, syndicat des PME, a apporté son soutien au mouvement, comprenant son "exaspération". Parallèlement, quelque 400 personnes, essentiellement des commerçants de Calais ou des employés du port, vêtus de gilets jaunes de sécurité, ont formé un cortège qui se dirigeait, depuis la rocade, vers l'A16, et s'est joint au cortège venu de Loon-Plage vers 11 heures, à l'embranchement des deux axes. 

Les élus se joignent au mouvement. Cette manifestation a été brièvement conduite par des élus du Calaisis, dont la maire de Calais Natacha Bouchart (LR) venue "partager la souffrance des Calaisiens", brandissant un tee-shirt "J'aime Calais", et le député PS Yann Capet. "Calaisiens enfermés, migrants libres !" ou "Le gouvernement doit déclarer le Calaisis en état de catastrophe économique", pouvait-on lire sur des banderoles de la Fédération du commerce du Calaisis. Vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en déplacement à Calais, avait réaffirmé l'intention de l'État de démanteler la "Jungle" le "plus rapidement possible", mais avec "méthode" et "maîtrise". Cette manifestation est une première depuis le début de la crise migratoire qui agite la région.