Alexandre Benalla placé en garde à vue, Gérard Collomb auditionné mardi au Sénat

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Alexandre Benalla (ici à droite lors du Salon de l'Agriculture 2017) a été placé en garde à vue, vendredi.
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Margaux Lannuzel avec Salomé Legrand, Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Le collaborateur d'Emmanuel Macron est notamment soupçonné de violences en réunion, d'usurpation de fonctions et de port illégal d'insignes réservés à l'autorité publique. 

Les procédures se multiplient, deux jours après l'éclatement de l'affaire Alexandre Benalla. Ce collaborateur d'Emmanuel Macron, chargé de mission à l'Élysée, est reconnaissable sur une vidéo repérée mercredi par Le Monde, où on le voit frapper un manifestant à terre en marge d'une opération de police, le 1er mai. L'homme a été placé en garde à vue, vendredi, tandis que la présidence annonçait l'enclenchement de sa procédure de licenciement. L'opposition continue par ailleurs de dénoncer les "mensonges" de l'exécutif et notamment de Gérard Collomb, prévenu des faits dès le 2 mai mais qui ne les a pas signalés à la justice. 

Les informations à retenir :

  • Alexandre Benalla a été placé en garde à vue, vendredi matin à Paris et l'Élysée a engagé une procédure de licenciement à son encontre 
  • Trois policiers ont été suspendus pour lui avoir transmis des images de vidéosurveillance
  • Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sera auditionné mardi par la commission des lois du Sénat

Des images de vidéosurveillance dupliquées. Selon des informations révélées par Europe 1 vendredi, trois policiers, dont deux commissaires, sont soupçonnés d'avoir extrait des images des caméras de vidéosurveillance du plan de protection de la Ville de Paris montrant la scène de violence à laquelle aurait participé Alexandre Benalla, afin de les lui transmettre, mercredi soir. Ces images sont filmées sous un angle différent des deux films amateurs abondamment partagés sur les réseaux sociaux. Et pourtant, elles ne devraient même plus exister, puisqu'elles sont théoriquement effacées au bout d'un mois.

Les trois policiers ont été suspendus par le ministère de l'Intérieur, jeudi soir. Gérard Collomb a condamné "lourdement" leurs agissements, indiquant que "le parquet de Paris ainsi que l'Inspection générale de la Police nationale" avaient été saisis de ces faits. 

Le collaborateur en garde à vue. Alexandre Benalla a lui été placé en garde à vue vendredi matin, pour "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions", "port illégal d'insignes réservés à l'autorité publique" et "complicité de détournement d'images issues d'un système de vidéo protection". 

L'homme, sanctionné en interne d'une mise à pied de deux semaines avec suspension de salaire et changement d'affectation, n'avait jusque-là pas eu affaire à la police. Les investigations sont confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). 

Vincent Crase, connaissance d'Alexandre Benalla, ancien collaborateur ponctuel de l'Élysée et employé de La République en marche, lui aussi présent lors des faits du 1er mai, a également été placé en garde à vue vendredi matin. Il est entendu pour les chefs de "violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public" et "usurpation de fonction". Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a quant à lui été entendu jeudi comme témoin, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.

L'Élysée annonce son licenciement. La présidence a indiqué vendredi avoir "pris la décision d'engager la procédure de licenciement" de son collaborateur car "des faits nouveaux, constitutifs d'une faute commise, et qui font l'objet d'une procédure judiciaire" avaient été portés à sa connaissance. Ces faits nouveaux sont, selon toute vraisemblance, la duplication des images de vidéosurveillance. "Aux fins de prouver son innocence, Monsieur Benalla aurait été destinataire d'un document de la préfecture de police qu'il n'était pas autorisé à détenir", précise l'Élysée. 

Des heurts lors de l'arrivée des Bleus. Par ailleurs, selon les informations recueillies par Europe 1, Alexandre Benalla était bien présent pour encadrer l'arrivée des Bleus à Roissy après leur titre mondial, lundi. Sur le tarmac de l'aéroport, l'homme de 27 ans a eu une altercation avec un commandant de gendarmerie, qui lui rappelait que le préfet était seul responsable du dispositif de sécurité. "L'autorité administrative, c'est moi", lui aurait-il répondu. Le collaborateur d'Emmanuel Macron, "petit cow-boy" selon un connaisseur, s'est ensuite fait remarquer à l'hôtel Crillon, s'attirant cette fois les foudres d'un commissaire de police. 

Gérard Collomb et Édouard Philippe visés par l'opposition. Côté politique, la polémique qui enfle depuis deux jours autour du non-signalement des faits par l'exécutif à la justice vise désormais le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Selon France Inter, c'est son ministère qui a signalé les faits à l'Élysée dès le 2 mai. Vendredi matin, les députés de l'opposition, LR comme LFI, ont dénoncé "une suite de mensonges" et exigé que le responsable vienne s'expliquer devant l'Assemblée nationale. Le ministre de l'Intérieur doit déjà être entendu par le Sénat dans cette affaire, mardi, en fin d'après-midi. 

Tous les présidents de groupes d'opposition ont par ailleurs demandé vendredi après-midi au Premier ministre de venir s'exprimer devant l'Assemblée sur l'affaire Benalla, dénonçant "une situation de blocage". "Selon l'article 49 de la Constitution, le gouvernement est responsable devant le Parlement. Nous avons demandé que le chef du gouvernement vienne s'exprimer devant le Parlement", a expliqué le président du groupe LR Christian Jacob à l'issue d'une réunion de près d'une heure entre les sept présidents de groupes parlementaires et le président de l'Assemblée.

Depuis le Tour de France à Valence, Édouard Philippe en a appelé à la "responsabilité" face à "l'obstruction parlementaire" et la "récupération politique" de l'affaire Benalla. "Pour ceux qui, au-delà d'attendre les réponses (des enquêtes et des commissions d'enquête parlementaires, ndlr), utilisent ces événements et ces questions à des fins soit d'obstruction parlementaire, soit d'exploitation politique, je leur dis : 'Prenons tous ensemble le sens de nos responsabilités'", a déclaré le Premier ministre à la presse.