"Un remaniement sans imagination, et peut-être sans ambition", analyse Hélène Jouan

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Anaïs Huet , modifié à
Pour l'éditorialiste politique d'Europe 1, le remplacement de Nicolas Hulot au ministère de l'Ecologie par le président de l'Assemblée nationale François de Rugy n'est pas un symbole du "nouveau monde" prôné par Emmanuel Macron.

Le suspense a pris fin mardi après-midi. Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, et l'ancienne championne de natation Roxana Maracineanu ont été nommés pour remplacer les ministres démissionnaires Nicolas Hulot et Laura Flessel, respectivement à la Transition écologique et solidaire et aux Sports.

Un écologiste très politique. L'exécutif a pris plusieurs jours pour rechercher le profil idoine du successeur de Nicolas Hulot. Et le choix de François de Rugy n'est pas "une surprise", à en croire l'éditorialiste politique d'Europe 1 Hélène Jouan, qui a livré son analyse au micro de Matthieu Bélliard mardi soir. "On a surtout cherché des personnalités engagées depuis toujours dans l'écologie. Certaines étaient un peu trop soixante-huitardes, d'autres un peu trop à gauche, d'autres trop inconnues du grand public. C'est finalement François de Rugy qui sort du chapeau", constate la journaliste.

 

Jusqu'à sa nomination mardi après-midi, François de Rugy était, en tant que président de l'Assemblée nationale, le quatrième personnage de l'Etat. "Il a commencé sa carrière politique en 1997 à Génération Ecologie, il est ensuite passé chez les Verts, puis au groupe socialiste à l'Assemblée. En 2017, il a été candidat à la primaire de la gauche. Ses 3,81% l'ont peut-être poussé à rejoindre très vite Emmanuel Macron", rappelle Hélène Jouan. Pour autant, "il va falloir qu'il mouille sa chemise davantage qu'à l'Assemblée nationale…", confie l'un des proches de François de Rugy à Europe 1.

Entendu sur europe1 :
En matière de nouveau monde, François de Rugy… ce n'est pas franchement ça

Quid du "nouveau monde" ? Cette annonce - peu étonnante - marque un changement dans l'image que souhaite renvoyer le chef de l'Etat. "En matière de nouveau monde, François de Rugy… ce n'est pas franchement ça", considère même Hélène Jouan. "Sa nomination instille le doute sur le fait que le signal d'alerte lancé par Nicolas Hulot quand il est parti n'a pas du tout été entendu par l'Elysée. C'est donc un remaniement restreint, sans imagination, et peut-être sans ambition sur l'écologie. Comme si le nouveau monde s'était déjà un peu vidé de sa substance", poursuit l'éditorialiste politique.

 

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François de Rugy étant donc désormais ministre de la Transition écologique, sa place au perchoir est libre. Là encore, Hélène Jouan laisse peu de place au doute quant à son successeur. "Il y a plusieurs candidats, mais on sait qui sera élu, et c'est Richard Ferrand." Pour l'heure, il est président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale. "Mais c'est surtout un macroniste de la première heure. Il n'arrêtait pas de dire qu'il n'était pas du tout heureux comme président de groupe. Il pourrait trouver plus de plaisir comme quatrième personnage de l'Etat", avance l'éditorialiste. 

Emmanuel Macron aussi pourrait y trouver son compte. "Le président n'a pas tellement apprécié ce qui s'est passé lors des dernières semaines de la dernière session, lorsque la majorité commençait donner un peu de la voix. Avec Richard Ferrand, au moins, on a un bon interlocuteur avec l'Elysée pour recadrer les députés."