Pour François Pupponi, certaines mesures annoncées par Emmanuel Macron ce vendredi seront complexes à appliquer. 2:27
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Ugo Pascolo , modifié à
Invité d'Europe Midi quelques minutes après le très attendu discours d'Emmanuel Macron sur "les séparatismes", l'ancien maire de Sarcelles, François Pupponi, auteur de l'ouvrage Les Émirats de la République, loue les mesures annoncées par le chef de l'État. Il explique néanmoins que l'application de certaines d'entre elles va être complexe.
INTERVIEW

Limitation drastique de l'instruction scolaire à domicile, motifs de dissolution des associations élargis... Ce vendredi, Emmanuel Macron a montré le cap de sa stratégie de lutte contre "les séparatismes". Dans ce discours très attendu, le chef de l'État a été bon "sur le fond et sur la forme", réagit au micro d'Europe 1 François Pupponi, député du Val d’Oise, ancien maire de Sarcelles (1997-2017) et auteur de l'ouvrage Les Émirats de la République. Toutefois, l'élu pointe également que si ces mesures sont fortes, leur mise en place "ne sera pas simple".

L'éducation scolaire à domicile, "un des piliers de notre République"

À commencer par l'annonce la plus emblématique, la limitation aux motifs de santé de l'éducation scolaire à domicile. "Emmanuel Macron s'attaque là à un des piliers de notre République : la liberté éducative. C'est un bloc et ça ne va pas être simple", estime le député. Car en plus de viser l'éducation islamiste, cette mesure frappe également d'autres religions avec le renforcement des contrôles dans les écoles privées hors contrat avec l'État, engendrant de facto une réduction de la "liberté éducative de culte".

Or, "cette liberté est un principe constitutionnel", rappelle François Pupponi. Cette mesure fera donc l'objet à coup sûr d'un débat parlementaire, mais "si on doit passer par une réforme de la constitution, il faudra le faire. On sait que ces écoles [privées hors contrat ou clandestines] sont souvent le lieu où les islamistes s'infiltrent pour prendre de très jeunes enfants et essayer de les manipuler", souligne l'ancien maire de Sarcelles.

Des contrôles nécessaires sur les créations d'associations

Autre mesure annoncée par Emmanuel Macron : l'élargissement des motifs de dissolution des associations. Comme le révélait en milieu de semaine un document de travail gouvernemental qu'Europe 1 a pu consulter, jusqu'à présent les services de l'État étaient obligés d'adopter une stratégie semblable à celle du FBI vis-à-vis d'Al Capone [arrêté pour fraude fiscale, et non pour ses activités criminelles, ndlr] pour faire fermer ce type de lieux. Par exemple, une librairie islamiste située à Roubaix a été sommée de fermer pendant six semaines en février 2020 pour...vente illégale de viagra. 

Avec ce projet de loi, qui doit être présenté le 9 décembre prochain en Conseil des ministres, ce sont donc des motifs plus cohérents qui vont faire leur apparition pour donner plus de latitude aux forces de l'ordre.

Reste que François Pupponi pointe une difficulté : quand une association est dissoute, une autre se monte le lendemain. L'élu préconise donc "de faire en sorte que les responsables [de ces associations] ne puissent pas en créer une autre". "La volonté politique est affirmée, c'est très bien. Mais il faudra aller plus loin, être ferme et contrôler les choses dans la durée."