Le virage à 180° d'Emmanuel Macron sur sa stratégie de communication

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Aurélie Herbemont, édité par A.H., avec AFP
Depuis son élection, le chef de l'État se faisait discret dans les médias, avec une communication très verrouillée. Mais tout est en train de changer.

Emmanuel Macron entendait rester au-dessus de la mêlée en n'accordant qu'une parole rare et en ne commentant pas l'actualité, surtout pas depuis l'étranger. Mais il évolue.

Une réponse à Hollande. Mercredi, en Autriche, le chef de l'État a répondu au tacle de François Hollande, qui l'avait exhorté la veille à ne pas "demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles" à l'approche d'une rentrée sous tension. "La transformation que nous opérons est celle de faire entrer la France dans le XXIe siècle et gagner la bataille du chômage de masse. Non pas de baisser d'un ou deux points le chômage mais de profondément changer les structures économiques et sociales françaises", a rétorqué Emmanuel Macron. Jeudi, aux côtés du président roumain, Emmanuel Macron a même évoqué le futur projet de loi de finances ou la réforme de l'assurance-chômage à venir. Du jamais vu avec Emmanuel Macron. 

Se rapprocher des journalistes. Autre signe de son changement de communication : le président a commencé à voir des journalistes en petits comités. Lui qui, habituellement, limite au maximum ses interactions avec la presse et préfère s'exprimer directement sur les réseaux sociaux, a invité jeudi trois journalistes à bord du Falcon présidentiel entre Salzbourg et Bucarest. Ces trois journalistes de L'Obs, Le Monde et Ouest-France - les médias choisis par le président - ont pu lui parler une bonne heure sur de multiples sujets. Emmanuel Macron a aussi rompu avec la règle jusqu'ici martelée par l'Elysée de ne jamais faire de "off".

Expliquer sa politique. La popularité du chef de l'État baisse dans les sondages, et les critiques contre sa politique se font de plus en plus nombreuses. D'où le besoin d'expliquer son action. Jeudi, devant les Français de Bucarest, il a même repris des accents de campagne. Le président ne veut pas "réformer" mais "transformer" le pays. "La France n'est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n'ont pas réussi, parce que les Françaises et les Français détestent les réformes. C'est un peuple qui déteste cela. Il faut lui expliquer où on va, et lui proposer de se transformer en profondeur, pour mener un projet plus grand que soi. Ça, c'est un combat qui fait rêver les Français", a-t-il assuré. 

"Expliquer où on va", c'est ce qu'Emmanuel Macron doit bientôt faire devant les Français. Le moment et le format n'ont pas encore été arrêtés, mais le chef de l'État devrait décider ce week-end. Il pourrait s'adresser aux Français une ou deux fois par mois, peut-être à la radio, selon les médias présents à ses côtés jeudi.