Au Louvre Abou Dhabi, Edouard Philippe célèbre "l'évidence de la France et des Emirats"

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Edouard Philippe a salué la "vision" architecturale imaginée par Jean Nouvel (ici à droite sur la photo). © KARIM SAHIB / AFP
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R.Da.avec AFP , modifié à
En visite aux Emirats arabes unis, le Premier ministre s'est fait le VRP d'un partenariat franco-émirien que Paris voudrait pouvoir renforcer.

Le Premier ministre français Edouard Philippe a invité samedi les Emirats arabes unis à investir davantage en France, au premier jour de sa visite dans ce riche pays du Golfe. En visite à Abou Dhabi avant de se rendre à Dubaï plus tard dans la journée, le chef du gouvernement français a rencontré successivement les dirigeants des deux grands fonds souverains émiratis puis le prince héritier de l'émirat et homme fort du pays, Mohammed ben Zayed Al Nahyane.

"France is back" : célébrer l'attractivité française

"Nous avons essayé de répondre à leurs questions, de leur montrer ce que nous faisons, de leur indiquer pourquoi nous pensions qu'il se passait des choses intéressantes en France et qu'ils pouvaient y prendre leur part", a déclaré Edouard Philippe à la presse à l'issue de ces entretiens. La récente visite d'Emmanuel Macron aux Emirats en novembre avait donné lieu à l'annonce d'un investissement d'un milliard d'euros de fonds émiratis, fléchés vers les entreprises innovantes en France.

"C'est aux Emiratis de dire s'ils ont de nouveaux projets d'investissement mais ce qui est vrai, ce que j'ai senti, c'est leur intérêt soutenu à ce que nous faisions et aux perspectives qui s'offraient en France", a déclaré Edouard Philippe à ce sujet. Le Premier ministre doit appeler les investisseurs à "choisir la France" dimanche lors d'un discours devant un important sommet économique à Dubaï, en vantant les réformes enclenchées par l'exécutif. Selon Edouard Philippe, les Emiratis ont exprimé "l'envie de donner le panel le plus large et intense possible aux projets de coopération" y compris dans de nouveaux domaines comme "l'intelligence artificielle ou la recherche médicale".

"Je pense que c'est bon signe. Cela veut dire que la France intéresse, que la France est regardée comme un endroit où l'on peut investir à la fois sûrement et avec profits. Je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle pour notre pays c'est ça que je suis venu expliquer et dire ici", s'est-il réjoui. Pour l'heure, la France n’a pu attirer jusqu’à présent qu’un stock de 3 milliards d’investissement émirati, soit une goutte d’eau dans un océan de pétrodollars.

La culture pour séduire les investisseurs

Comme le président de la République avant lui, c’est dans le cadre somptueux du Louvre Abu Dhabi que le Premier ministre a prononcé son discours. Alors qu’Emmanuel Macron y avait célébré trois mois plut tôt la culture comme rempart contre l’obscurantisme, son chef de gouvernement s’est inscrit samedi dans la même ligne, saluant "l’ouverture d’un nouveau sanctuaire" à l’heure des "destructions irréparables" à Bamiyan, à Nimrud, à Tombouctou ou à Palmyre. Ces deux visites montrent tout l’intérêt que porte la France à ce partenaire historique et francophile, second partenaire commercial de l’Hexagone dans le Golfe, gros client d’Airbus – la commande mi-janvier de 36 A380 pour un montant estimé à 16 milliards a peut être sauvé le plus gros appareil civil du monde en service de la mise au rancart -,  et surtout plaque géostratégique au Moyen Orient.  C’est en effet de la base d’Al-Dhafra que partent les avions français bombardant le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Et pour brosser un si précieux allié dans le sens du poil, rien de tel que la culture.

Edouard Philippe a donc multiplié les comparaisons entre la France et les Emirats arabes unis, rapprochant la Pyramide du Louvre historique du dôme conçu par Jean Nouvel pour le musée émirati. "Une vision" architecturale et culturelle, que le Premier ministre a notamment attribué à trois hommes : Khalifa ben Zayed Al Nahyane, l’émir d'Abou Dabi et président des Émirats arabes unis, le prince héritier Mohammed ben Zayed Al Nahyane et Jacques Chirac, qui a signé à la fin de son dernier mandat l’accord ayant permis à ce projet de voir le jour.

Saluant "l'universalité" du Louvre Abou Dhabi, le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité du rapprochement de la France et des Emirats. "L’évidence de deux pays qui sont deux carrefours. L’un en Europe, l’autre en Asie. Deux pays qui, dans l’histoire, ont toujours été des ponts entre l’Orient et l’Occident. Deux pays qui, aujourd’hui, avec ce musée, continuent d’être des passeurs. Des passeurs de culture, d’échanges, de rencontres", a estimé Edouard Philippe. Le locataire de l’hôtel Matignon a enfin annoncé le lancement du "Dialogue culturel franco-émirien", un programme d'événements organisés entre les deux pays "autour de l’art bien sûr, mais aussi de l’intelligence artificielle, de la protection du patrimoine en danger, de la promotion des langues française et arabe", a-t-il détaillé.