Michel Pialle 1:42
  • Copié
Christophe Bordet et Charles Guyard / Crédit photo : LOIC VENANCE / AFP , modifié à
Vendredi, après deux mois et demi de recherches, Michel Pialle a avoué le meurtre de Karine Esquivillon. Le corps de la mère de famille de 54 ans a été retrouvé dans un bois. Si le suspect affirme qu'il s'agit d'un accident, c'est au terme d'une garde à vue éprouvante que l'homme est passé aux aveux.

Après deux mois et demi de doutes et de recherches, le corps de Karine Esquivillon a été retrouvé. Michel Pialle, son mari, a été mis en examen pour meurtre par conjoint. Il a fini par avouer avoir tué sa femme et mené les enquêteurs jusqu'à un bois où se trouvait le corps. D'après son avocat, Michel Pialle évoque un accident alors qu'il préparait sa carabine pour la mettre en vente sur Internet. L'homme s'est ensuite débarrassé du corps en faisant croire à tout le monde que Karine Esquivillon était partie volontairement. C'est également au terme d'une garde à vue éprouvante que le suspect est passé aux aveux.

Garde à vue éprouvante

Tout se joue sur le plan psychologique, selon le psychologue Jean Doridot. "C'est quelqu'un qui a une vraie tendance à la mythomanie", souligne-t-il. "On peut vraiment saluer le travail des gendarmes qui ont pris le temps nécessaire pour assembler des faisceaux d'indices graves et concordants."

Pour lui, si Michel Pialle a fini par révéler avoir tué Karine Esquivillon, c'est aussi parce que "le huis clos de la garde à vue, psychologiquement, est une épreuve. C'est comme une partie de poker. Il faut abattre les cartes progressivement, amener la personne face à ses contradictions, ne pas lui laisser le temps de récupérer, de se reposer. Et il a fini par se livrer", conclut Jean Doridot.

"S'il a essayé de nous utiliser, ça n'a pas marché"

Avant son arrestation, le suspect était entré en contact avec l'association d'assistance et recherche de personnes disparues (ARPD). Le 14 avril, Michel Pialle contacte l'ARPD. Le 14 juin, il est placé en garde à vue. Entre les deux dates, au bout du fil, Anne Marais a vécu deux mois en lien direct avec celui qui est aujourd'hui mis en examen pour meurtre sur conjoint. Jusqu'à la veille de son interpellation, il a continué d'appeler l'association. "Jusqu'au dénouement son attitude était celle d'un homme dont la femme est partie et qui est inquiet", se souvient la présidente de l'association.

Cette femme, c'est Karine Esquivillon, dont Pialle a fait croire à tout le monde à un départ volontaire, avec parfois des changements dans les versions données. Et cela, l'ARPD l'avait bien remarqué. "C'est vrai qu'il y avait quand même quelques petites choses qui pouvaient varier. Même s'il a essayé de nous utiliser, ça n'a pas marché. Au bout du compte, il a avoué et ça ne nous a pas manipulé."

Pas manipulé ni découragé. Car Anne Marais le rappelle, sa mission est avant tout de rechercher une personne disparue, peu importe les circonstances de la disparition et l'identité de celui qui fait appel à l'association, composée uniquement de bénévoles. Et elle le souligne : "nous serons à l'entière disposition de la justice". Une autopsie du corps de Karine Esquivillon doit être réalisée ce samedi pour confirmer ou infirmer la version de Michel Pialle.