Plusieurs fois primés, Emmanuel Guibert n'avait encore jamais remporté le Grand Prix d'Angoulême. 4:00
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Jonathan Grelier , modifié à
Le dessinateur et scénariste Emmanuel Guibert a reçu le Grand Prix d'Angoulême de la bande dessinée mercredi. Sur Europe 1 jeudi, il a fait part de sa "gratitude" et de sa "reconnaissance", sans occulter les difficultés de ses consœurs et confrères dont beaucoup ne parviennent pas à bien vivre de leur art.
INTERVIEW

Le festival de la bande dessinée d'Angoulême commence jeudi, mais c'est bien mercredi que son Grand Prix a été décerné. Et c'est le dessinateur et scénariste Emmanuel Guibert qui a reçu la récompense. Bien connu des amateurs de BD pour son oeuvre composée notamment de BruneLa guerre d'Alan ou encore Le photographe, Emmanuel Guibert a exprimé de "la gratitude" et de "la reconnaissance" sur Europe 1 jeudi. "[Je veux] dire merci à ce corps électoral dont j'ignore tout, si ce n'est qu'il est constitué de consœurs et de confrères (...) C'est international ? Oh, la vache", a-t-il réagi.

"On a pas l’œil sur la montre"

L'occasion pour lui de parler de son métier si particulier : "C'est un métier qui requiert beaucoup de concentration, beaucoup de temps. On n'a pas l’œil sur la montre. Moi je suis quelqu'un qui, je pense, n'a à proprement parler jamais pris de vacances. Ce qui ne veut pas dire que je ne quitte pas de temps en temps mon chez moi, mais j'emporte avec moi du boulot, parce qu'il faut toujours être sur la brèche si on prétend gagner sa vie avec ce métier."

"Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes"

"On a beaucoup de lecteurs, mais on a une situation particulièrement privilégiée en France quand même, parce qu'on a tout un système assez bien huilé qui fait qu'il y a des auteurs mais il y a aussi des éditeurs, des diffuseurs, des libraires, des bibliothécaires. C'est une table qui a tous les pieds nécessaires pour qu'il y ait un public qui viennent s'y attabler. C'est quand on commence à enlever des pieds de la table que ça se gâte. Et en fait il y a beaucoup de pays du monde où il manque des pieds de la table", a estimé Emmanuel Guibert.

Le dessinateur n'occulte pas par ailleurs les difficultés de sa profession, alors que la moitié des auteurs de BD touchent moins que le smic : "J'ai dit qu'il faisait bon faire de la bande dessinée en France. C'est vrai dans la mesure où il y a des infrastructures qui n'existent pas forcément ailleurs. Par contre, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes, en effet."

"Il va y avoir des discussions"

"Il va y avoir quelques discussions autour (...) de tout ce qui fait la possibilité qu'a un métier, s'il se développe sur le plan du lectorat, de se développer sur le plan du confort apporté à ses auteurs", a-t-il ajouté à propos du festival d'Angoulême où doit se rendre le président de la République Emmanuel Macron jeudi. En revanche, aucune rencontre avec ce dernier n'était planifiée pour Emmanuel Guibert selon ses dires.

Invité à s'exprimer sur l'intérêt du chef de l'Etat pour la BD, Emmanuel Guibert s'est plutôt félicité de la présence d'Emmanuel Macron à Angoulême : "Je ne sais pas s'il en lit, mais c'est le signe de l'intérêt un peu général pour un mode d'expression qui se développe."