Normandie : au Tréport, un pan de falaise s'écroule après l'épisode de gel

Les falaises du Tréport, en Normandie.
Les falaises du Tréport, en Normandie. © DELFINO DOMINIQUE / HEMIS.FR / HEMIS.FR / HEMIS VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : DELFINO DOMINIQUE / HEMIS.FR / HEMIS.FR / HEMIS VIA AFP
Le froid et le gel qui ont parcouru le tiers nord du pays la semaine dernière n'ont pas été sans conséquences en Normandie. Sur la commune du Tréport, située à la limite avec la région Hauts-de-France, un important morceau de la falaise de craie s'est effondré. Une scène spectaculaire, mais plutôt habituelle lorsque le mercure chute. 

Le gel et la pierre ne font pas bon ménage. Sur la commune du Tréport en Seine-Maritime, tout un pan de la falaise s'est détaché dans la matinée dimanche dernier, alors que les températures affichaient des valeurs à peine positives. L'épisode de froid, qui a provoqué la dégringolade du mercure sur tout le tiers nord du pays la semaine dernière, a également fragilisé cette roche, déjà sous la menace permanente de l'érosion. Le froid contribue en effet à accélérer ce processus, tandis que le gel engendre de petites fissures dans la craie.

Le résultat de ce mécanisme physique a donc donné lieu à une scène impressionnante. Si aucune victime n'est à déplorer, la mairie du Tréport prend la question très au sérieux. Un parking a été fermé et l'arrêté municipal qui interdit la promenade à flanc de falaise reste en vigueur. L'érosion demeure une menace "préoccupante" pour la Ville, confie Jean-Jacques Louvel, adjoint à la mairie en charge du tourisme, mais cet effondrement, bien que spectaculaire, n'est pas inédit dans la commune. "On est habitués à ce genre de période de dégel. On l'a toujours vécu, il y a toujours eu des effondrements de falaise, de tout temps", indique l'élu. 

Des chutes de pierre encore plus importantes par le passé 

La grande amplitude thermique observée dans la région, avec une chute des températures jusqu'à -10 degré, suivie d'un fort redoux, a sans doute intensifié le phénomène, mais certaines chutes de pierre ont été, par le passé, encore plus considérables, assure Jean-Jacques Louvel. D'autant que l'effondrement de ce morceau de falaise a eu lieu dans une zone inhabitée, "en permanence interdite à la circulation des piétons à moins de 50 mètres du pied de falaise", précise l'adjoint au maire. 

Dans les zones habitées, la municipalité du Tréport surveille la situation comme le lait sur le feu. "Nous avons mis en place des fissuromètres, c'est-à-dire des appareils dans la roche qui nous permettent de repérer en temps réel lorsqu'une fissure s'agrandit et qui alertent les services techniques via les téléphones portables", explique Jean-Jacques Louvel. 

Un évènement similaire dans la Somme en mars dernier

Des précautions qui, selon l'élu, préservent la population de tout risque majeur. Néanmoins, l'épisode n'est pas sans rappeler celui de mars 2023, à Ault, commune côtière située dans la Somme, à seulement quelques kilomètres du Tréport. Un immense pan de roche s'était effondré, menaçant même le blockhaus situé à quelques mètres du flanc de falaise. Conséquence, là encore, d'une succession d'épisodes de gel et de dégel, ayant fragilisé la pierre. Pour tenter de juguler le phénomène qui risque de se reproduire à chaque fin d'hiver, la municipalité a élaboré "un plan de gestion des eaux pluviales", envisage de "recréer des haies" et en appelle à la responsabilité collective. "Il ne faut surtout pas cultiver à moins de 50 à 100 mètres de la falaise. Il faut que ça reste des pâtures", indique le maire d'Ault, Marcel Le Moigne. 

Ces éboulements n'ont toutefois pas gagné en fréquence ces dernières années, assurent les deux communes. "Je suis là depuis 2003 et je ne trouve pas que la fréquence des érosions augmente. Mais on fait du boulot, en amont, pour ralentir le processus", conclut Marcel Le Moigne.