Antenne 5G 1:22
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Depuis mardi, Strasbourg a rejoint la liste des villes couvertes, au moins partiellement, en 5G. Une première pour une agglomération tenue par Europe Écologie-Les Verts. La consultation citoyenne locale n'a pas révélé d'opposition majeure à la 5G, plutôt des réserves sur son utilité pour les particuliers.
DÉCRYPTAGE

Le débat sur la 5G est sans doute loin d’être clos, mais voilà une avancée symbolique : Orange a allumé mardi ses antennes diffusant le nouveau réseau mobile dans la métropole de Strasbourg. Il s'agit de la première grande ville tenue par Europe Écologie-Les Verts à être couverte, au moins partiellement, en 5G. Les élus écologistes, ainsi que certaines coalitions de gauche, sont en effet réservés sur le déploiement des antennes et mènent un peu partout des concertations locales en attendant la publication du rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à propos des effets des ondes 5G sur la santé et l'environnement.

Prudence des particuliers, intérêt des professionnels

Il y a bien eu un processus de consultation citoyenne à Strasbourg, bouclé en deux mois. De début décembre à fin janvier, des tables rondes et des ateliers participatifs ont réuni élus locaux, experts et habitants de la métropole pour évoquer les enjeux environnementaux de la 5G, l'intérêt pour la compétitivité économique ou encore le sujet de l'exposition aux ondes. "L'objectif était de démêler le vrai du faux, les fantasmes et les inquiétudes. Les débats étaient très sereins, tout le monde pouvait s'exprimer", explique Caroline Zorn, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, chargée du numérique.

Les conclusions de la concertation seront rendues publiques fin février et le principal enseignement est la réserve des citoyens vis-à-vis de la 5G. "On a constaté une grande différence d'attente entre les usages privés et les usages industriels", affirme Caroline Zorn. "Il n'y avait pas un emballement formidable pour les particuliers, les gens émettaient plutôt le souhait d'être raccordés à la fibre. En revanche, pour les professionnels, nous avons établi qu'il y avait sans doute de nombreuses applications possibles qu'il conviendra désormais d'inventer."

Une quinzaine de grandes villes déjà couvertes en 5G

En l'absence d'opposition franche de la part des citoyens et en accord avec les élus, Orange est donc le premier opérateur à avoir allumé ses antennes 5G à Strasbourg. Les autres suivront rapidement. Seule contrainte, demandée par la métropole : pas d’antenne à moins de 100 mètres des crèches, des écoles et des hôpitaux. Pour le PDG d’Orange Stéphane Richard, c’est déjà un bon début. "Je crois que ce débat est en train de s'apaiser, de devenir plus objectif aussi. Il y a encore quelques situations de blocage mais je suis confiant, optimiste et certain que le bon sens finira par l'emporter partout", s'est-il réjoui au micro d'Europe 1.

Strasbourg rejoint ainsi la liste des grandes villes déjà couvertes en 5G par au moins un opérateur : Marseille, Nice, Toulouse, Montpellier, Brest, Angers, Saint-Étienne, Le Mans, Mulhouse, Pau, Rouen, Le Havre, Valenciennes ou encore Clermont-Ferrand. En attendant de nouvelles ouvertures dans les prochains mois. "On a tout un planning de développement en 2021. On va allumer les villes les unes après les autres, dans le respect de l'agenda fixé par les élus. Là où on nous a demandé d'attendre un peu, notamment pour respecter des dispositifs de concertation locale, nous le faisons", assure Stéphane Richard.

Chaque opérateur avance à son rythme sur la 5G

Si le déploiement de la 5G progresse, la situation actuelle est parfois alambiquée, comme dans les régions de Lille et de Paris où plusieurs communes de l'agglomération sont couvertes en 5G, mais pas les villes en elles-mêmes. Dans ce genre de situation, les opérateurs ne restent pas les bras ballants en attendant la fin des concertations locales. À Paris, par exemple, les antennes 5G sont déployées depuis décembre. Simplement, elles sont éteintes et ne seront allumées que quand la municipalité donnera son feu vert. Dans le cas de la capitale, le patron d'Orange s'est dit confiant quant à un démarrage "dès la fin du premier trimestre 2021".

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© Couverture 5G de chaque opérateur / Arcep

Au total, 8.675 antennes 5G étaient activées au 31 décembre, date du dernier pointage de l'Arcep, le régulateur des télécoms, dont les deux tiers chez Free. L'opérateur a opté pour un déploiement massif en ayant recours aux bandes 700 MHz, déjà utilisées pour la 4G et moins puissantes que les fréquences 3,5 GHz, dédiées en priorité à la 5G. Une stratégie qui diffère de celle de Bouygues et SFR (qui utilisent, eux, la bande 2,1 GHz, sorte d'entre-deux) ainsi que de celle d'Orange (qui est l'opérateur qui a déployé le moins d'antennes mais majoritairement en 3,5 GHz). Résultat, il y a aujourd'hui autant de 5G différentes qu'il y a d'opérateurs. Au risque de perdre les consommateurs.