Whatsapp demande à ses utilisateurs d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation lui permettant de partager plus de données avec Facebook. 2:14
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Laetitia Drevet avec Clément Lesaffre , modifié à
L'application de messagerie WhatsApp demande à ses deux milliards d'utilisateurs d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation qui lui permettent de partager plus de données avec sa maison-mère, Facebook. Pour le juriste Bastien Le Querrec, cette mise à jour n'est qu'"à moitié légale". 
INTERVIEW

L'application de messagerie WhatsApp est sous le feu des critiques. Elle demande à ses quelque deux milliards d'utilisateurs d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation lui permettant de partager plus de données avec sa maison-mère, Facebook. Les utilisateurs qui refusent ne pourront progressivement plus accéder à leur compte. "L'objectif de WhatsApp est de monnayer la vie privée et de construire un modèle économique sur la violation de la vie privée des utilisateurs et utilisatrices", s'agace Bastien Le Querrec, juriste en droit public et membre de la Quadrature du Net, invité d'Europe 1 samedi. 

Une mise à jour "à moitié légale"

Selon lui, cette mise à jour des conditions d'utilisation n'est qu'"à moitié légale". "Contractuellement, WhatsApp peut imposer ses conditions. En revanche, cela pose problème au regard du respect de la législation européenne sur la protection des données parce qu'on ne peut pas accéder à ce service sans 'consentir' à ce que ses données personnelles soient exploitées à des fins commerciales, ce qui est contraire au droit de l’Union européenne."

La mise à jour va notamment ajouter des fonctionnalités commerciales pour lier WhatsApp aux autres services de Facebook, ce qui implique un partage plus vaste des données personnelles. Par exemple, une publicité sur Instagram pourra afficher un bouton WhatsApp pour que l’internaute puisse contacter le service-client de la marque directement. Il y aura également un système d’achats intégré à la messagerie, comme cela existe déjà sur Instagram ou sur Messenger, qui appartiennent également à Facebook. 

L'application deviendra inutile en cas de refus

Bastien Le Querrec déplore le silence des autorités françaises et européennes. "Le droit serait suffisant pour empêcher ce genre de pratiques, mais dans les faits c’est très compliqué s'il n'y a pas de volonté politique de faire bouger les choses."

Les nouvelles conditions d’utilisation seront soumises aux utilisateurs une fois l’application mise à jour. S'ils ne les acceptent pas la première fois, des rappels de plus en plus récurrents seront envoyés au fil des jours. "Après quelques semaines de fonctionnement limité, vous ne pourrez plus recevoir d'appels entrants ou de notifications et WhatsApp cessera d'envoyer des messages et des appels sur votre téléphone", avertit Facebook dans un communiqué. Autrement dit, même si le compte en question existera toujours, l’application deviendra totalement inutile.