CES 2019 : banque, commerce, train… Que vaut vraiment l'intelligence artificielle ?

Google Home, Amazon Echo et Apple Homepod
Google Home, Amazon Echo et Apple Homepod, trois enceintes qui utilisent l'intelligence artificielle pour apporter des services à leurs utilisateurs. © Google / Amazon / Apple
  • Copié
Thibaud Le Meneec, avec François Geffrier et Grégoire Martinez, à Las Vegas (États-Unis)
Amenée à prendre une place de plus en plus grande dans nos vies, l'intelligence artificielle est présentée comme un système en perfectionnement qui fonctionne déjà bien. Qu'en est-il dans les faits ?

Demain, tous accros aux robots et assistants vocaux ? Depuis un an, la France a vu débarquer les enceintes Google Home, Amazon Echo et Apple Homepod, fers de lance de la démocratisation de l'intelligence artificielle et présentées comme nos futurs indispensables compagnons domestiques.

Pourtant, ces systèmes sont pointés du doigt pour leur intrusion dans la vie privée de leurs utilisateurs et critiqués pour leur fonctionnement encore imparfait, loin de reproduire fidèlement la finesse de l'intelligence humaine. Nos journalistes se sont livrés à quelques expériences pratiques pour vérifier la qualité de ces outils.

 

Consulter un solde, emprunter et virer de l'argent d'un compte

"OK Google, mets-moi en relation avec Boursorama." Europe 1 a tenté de faire un virement via Google Assistant, l'intelligence artificielle de la firme américaine. Elle est notamment présente dans les enceintes Google Home, avec lequel notre journaliste François Geffrier a tenté de transférer 10 euros à son collègue Grégoire Martinez. L'assistant comprend l'ordre, le montant, l'intitulé du compte à débiter et le nom du bénéficiaire. Il envoie ensuite un lien sur le téléphone de l'utilisateur pour vérifier et valider le virement. Et Grégoire Martinez a bien reçu la somme indiquée.

" La voix, on sait que c'est l'interface homme-machine de demain. (…) On pourra sécuriser les transactions "

En revanche, c'est plus compliqué pour emprunter de l'argent. Google Assistant a d'abord buté deux fois sur la durée du prêt voulu, avant d'indiquer, avec une voix totalement neutre, qu'il ne pouvait pas aider François Geffrier pour obtenir 5.000 euros.

Il y a plus embêtant : consulter le solde d'un de ses comptes est tout à fait possible sans véritable vérification de l'identité du titulaire. Et la vie privée dans tout ça ? "La voix, on sait que c'est l'interface homme-machine de demain. La biométrie vocale, la détection des émotions et l'identification de l'utilisateur sont la suite de la recherche et développement dans ce domaine. On pourra sécuriser les transactions", prédit William Simonin, président de Vivoka, entreprise spécialisée dans la reconnaissance vocale personnalisée.

Réserver un billet de train

Et si demain plus personne ne réservait son billet de train en gare ? Choisir son voyage en ligne est de plus en plus prisé, mais "Oui Bot", lancé sur le site de la compagnie et sur Facebook Messenger, veut faire entrer cette activité dans une nouvelle ère. "On s'appuie de plus en plus sur ces technologies pour faciliter la réservation de billets de train", explique Julien Nicolas, directeur général de Oui.SNCF. Le principe ? Dialoguer avec un robot pour personnaliser son voyage.

Europe 1 a voulu vérifier l'intelligence de cet algorithme avec Mélanie Gomez, spécialiste santé de la rédaction, qui a tenté de réserver un billet Paris-Montpellier pour le 8 février prochain, sans carte de réduction. Tant bien que mal, notre journaliste a réussi à faire comprendre au Oui Bot ce qu'elle désirait.

Mais voyageant avec un bébé, elle s'est retrouvée face à un mur : l'outil lui a indiqué qu'il fallait contacter un agent pour finaliser la commande.

RéservationSNCF1

"C'est de l'innovation, on apprend au fur et à mesure à mettre de l'intelligence artificielle dans nos services", justifie Julien Nicolas. "On est allés au cas par cas pour monter le niveau de service de notre agent. Au début, on a fait un aller simple pour une personne, puis un aller-retour, puis on a rajouté les cartes commerciales et là on va rajouter les autres personnes."

Faire ses courses

Pas envie d'aller dans un supermarché ni d'aller sur le site arpenter des rayons virtuels ? Via Google Home, plusieurs enseignes proposent de faire ses courses à distance par la voix. Mélanie Gomez, après sa tentative infructueuse de réserver un billet de train Paris-Montpellier pour elle et son bébé, a voulu remplir son panier chez Monoprix par l'intermédiaire de l'enceinte connectée.

Tout s'est d'abord bien passé : les couches en taille 4 qu'elle voulait ont été correctement sélectionnées. Petit accroc pour l'eau minérale, car l'application ne lui a pas proposé de choisir la marque de ce produit. Par la suite, notre journaliste a réussi à placer dans son panier du riz, de l'humour et même un voyage au Bahamas, sans que l'enceinte ne bronche. En allant sur son compte, elle a pourtant eu la mauvaise surprise de voir que de la macédoine de légumes - qu'elle déteste - avait été ajoutée, ainsi que des pains au lait aux pépites de chocolat, correspondance hasardeuse avec le voyage au Bahamas, d'abord demandé.

Mélanie Gomez a-t-elle mal prononcé le nom des articles qu'elle voulait acheter ou l'enceinte est-elle insuffisamment préparée à la variété de débit, d'accents et de tics de langage des utilisateurs ? "Ça reste difficile, mais au fur et à mesure des années, on trouve des modules STT (speech to text, le fait de transcrire la voix de l'utilisateurs en commande écrite, NDLR) de plus en plus performants et on atteint des taux de 97%" de compréhension, explique William Simonin, le président de Vivoka. Et ce n'est que le début...