Un Tour de France en demi-teinte pour le cyclisme français

Alpahillipe (gauche) et Latour (centre) ont brillé, tandis que Bardet a déçu (droite).
Alpahillipe (gauche) et Latour (centre) ont brillé, tandis que Bardet a déçu (droite). © Photos AFP
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Après une année 2017 faste, les Français ont connu une édition 2018 nettement plus difficile. Si Julian Alaphilippe et Arnaud Démare ont brillé, Romain Bardet et Warren Barguil ont déçu.

Trois victoires d’étape, le Maillot à pois pour Julian Alaphilippe et le Maillot blanc pour Pierre Latour : le bilan français du Tour de France 2018 est plus que correct. Sauf que derrière ces beaux succès, le cyclisme français a reculé d’un cran rapport à l’an dernier. Romain Bardet, sur le podium en 2016 et en 2017, a terminé à une décevante sixième place, tandis que Warren Barguil, meilleur grimpeur l’année passée, n’a pas réussi à rééditer les mêmes performances.

  • Les satisfactions : Alaphilippe superstar, Démare a remis le contact

La star française de cette édition s’appelle Julian Alaphilippe. Le coureur de 26 ans a brillé avec deux victoires d’étape, ses premières sur le Tour, d’abord dans les Alpes au Grand-Bornand (10ème étape), puis dans les Pyrénées à Bagnères-de-Luchon (16ème étape). Il a surtout remporté le Maillot à pois de meilleur grimpeur, enflammant la course en montagne pour le plus grand plaisir du public, conquis par son panache et son tempérament offensif.

"Il gagne deux étapes de montagne, le maillot à pois. Julian Alaphilippe, c'est le feu d'artifice", s'enthousiasme notre consultant Richard Virenque. Alaphilippe, puncheur jusqu’ici spécialisé dans les courses d’un jour, peut-il faire des grands tours un objectif ? Lui et son équipe, la Quick Step, ont la réponse.

Si Julian Alaphilippe a vécu un rêve éveillé, Arnaud Démare est passé lui tout près d’une immense déception. Le sprinteur de la FDJ a longtemps été frustré sur ce Tour 2018, terminant deux fois troisième lors des 2ème et 13ème étapes et vivant un calvaire dans les Pyrénées. Mais Démare a trouvé d’immenses ressources mentales et physiques pour remporter la 18ème étape au sprint, devant son compatriote Christophe Laporte. "Je ne me suis pas battu pour rien. C’est une belle récompense pour toute l’équipe", avait réagi le vainqueur de Milan-San Remo 2016, interrogé après sa victoire. Démare, c’est du costaud.

  • Les déceptions : Bardet et Barguil, le retour sur terre

Romain Bardet l’a concédé lui-même : sa sixième place au classement général est une grosse déception. Le leader d’AG2R, deuxième en 2016 et troisième en 2017, a manqué son objectif de monter une nouvelle fois sur le podium. "Je ne sais pas ce qu'il aurait fallu faire de plus sur ce Tour, ça n'a simplement pas voulu sourire. C'est comme ça", s’est désolé Bardet, qui n’a même pas pu se consoler avec une victoire d’étape. "Je n’ai jamais été en mesure de gagner le Tour. Je n’ai pas honte de finir sixième, j’ai fait le maximum. Mais je sais qu’on attend toujours plus", a-t-il analysé, lucide. Gageons que l’an prochain, Bardet aura à cœur de prendre sa revanche.

Le constat est le même pour Warren Barguil. Le Breton avait vécu un Tour de rêve l’an passé, avec deux victoires d’étape et le Maillot à pois. Cette année, rien ou presque n’a fonctionné pour Barguil, incapable de suivre le rythme en montagne et qui a du mal à s’intégrer dans sa nouvelle équipe (il est passé de Sunweb à Fortuneo cette saison). "La difficulté dans le vélo c’est de revenir et de rééditer les mêmes performances. C’était presque facile ce qu’il a fait l’an dernier. Mais effacer tout ça et le refaire, c’est compliqué. Il a chamboulé les cartes en changeant d’équipe. Il a été à la recherche de ses sensations et d’une victoire", a analysé Richard Virenque. Comme Bardet, Barguil a un an pour tout remettre à plat.

  • Les espoirs : Latour en blanc sur les Champs, première réussie pour Gaudu

Si les stars ont déçu, les jeunes ont été à la hauteur. Pierre Latour, 24 ans, a remporté la Maillot blanc du meilleur jeune, même s’il termine loin au général (13ème à 22 minutes de Geraint Thomas). "J’aurais aimé gagner une étape ou arriver à accompagner Romain Bardet en montagne. Mais je suis quand même content de terminer Maillot blanc. J’ai progressé par rapport à l’an dernier", s’est satisfait le coureur d’AG2R, interrogé dimanche à Paris. "Il a la capacité d’aller sur le podium d’un Grand Tour dans les années à venir", veut croire son directeur sportif, Julien Jurdie.

Derrière Pierre Latour, le cyclisme français peut s’enorgueillir d’avoir placé deux autres de ses poulains au classement du meilleur jeune. Guillaume Martin (25 ans) a lui terminé à la troisième place du Maillot blanc, juste devant David Gaudu (21 ans), le grand espoir tricolore de l’équipe FDJ qui disputait son premier Tour de France.  

  • Le vétéran : Chavanel, la fin d’une époque

Si l’avenir du cyclisme tricolore est assuré, une page d’histoire s’est tournée cette année. A 39 ans, Sylvain Chavanel a disputé son 18ème et dernier Tour de France, un record. Le coureur de Direct Energie s’est offert un "jubilé" de trois semaines, récoltant les ovations d’un public toujours conquis par son tempérament offensif. Il lui reste désormais quelques mois à courir avant de mettre un terme à la fin de la saison à une carrière bien remplie, au cours de laquelle il a remporté trois victoires d’étape sur le Tour et sept titres de champion de France sur route. Chapeau, monsieur Chavanel.