Un ex-rugbyman devenu tétraplégique après une mêlée porte plainte contre son médecin

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A.H. , modifié à
Victime d'un très grave choc lors d'une mêlée en 2013, le rugbyman Alexandre Barozzi est depuis tétraplégique. Il décide aujourd'hui d'assigner le médecin qui lui avait délivré son certificat d'autorisation à jouer.

La vie d'Alexandre Barozzi a changé le 29 septembre 2013. Ce jour-là, cet ancien joueur professionnel de rugby, pilier du club de Lannemezan, passé par Auch, Biarritz et Brives, ne se relève pas d'une mêlée écroulée. Le rugbyman est opéré en urgence d'une "luxation C3-C4 sur un rachis déjà ostéosynthésé avec tétraplégie flasque d'emblée de niveau au moins C4", une blessure irréversible qui le contraint depuis à vivre en fauteuil roulant, rappelle L'Equipe dans son édition de jeudi.

Un passé médical très lourd. Aujourd'hui, Alexandre Barozzi veut obtenir justice. Il a décidé d'assigner le médecin qui lui avait délivré son certificat de non-contre-indication à la pratique du rugby. En effet, le 18 juillet 2013, au moment du transfert du joueur à Lannemezan, le docteur Gilbert Mouyen, médecin habituel du club, l'autorise à jouer en première ligne, en dépit des antécédents médicaux très lourds du rugbyman : double hernie discale en 2009, "importante raideur rachidienne" diagnostiquée en mai 2012, amyotrophie et hyporéflexie (diminution du volume des muscles) observée en septembre 2012.

Le dossier médical a-t-il été consulté ? Selon les préconisations de la Fédération française de rugby (FFR), des tests fonctionnels doivent être pratiqués pour délivrer un certificat de non-contre-indication à la pratique du rugby. Parmi les contre-indications figurent notamment les problèmes de rachis cervical, ce dont souffre justement Alexandre Barozzi. Comment le médecin a-t-il donc pu autoriser le rugbyman à entrer sur le terrain ? Pour l'avocat d'Alexandre Barozzi, le docteur Mouyen a fait preuve de négligence en ne consultant pas le dossier médical du joueur, et en ne pratiquant pas d'examens plus poussés.

L'affaire pourrait créer un précédent dans le monde du rugby. La défense d'Alexandre Barozzi, en réparation des différents préjudices subis - l'ex-rugbyman affiche un taux d'atteinte à l'intégrité physique et psychique de 95% - demande une somme bien supérieure à celles maximales habituellement versées par l'assureur de la FFR, précise L'Equipe. Contacté par le quotidien sportif, Gilbert Mouyen n'a pas souhaité répondre. Selon ses proches, le médecin est très affecté par l'affaire.