Transfert de Neymar : "le Qatar veut montrer qu’il est toujours libre et mobile"

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A.H. , modifié à
En offrant Neymar au PSG, le Qatar ne voit pas que l'investissement sportif ou mercantile de l'opération. L'aspect international et diplomatique compte aussi.
INTERVIEW

L'arrivée annoncée de Neymar au PSG n'est pas qu'une affaire de gros sous et de "top player" pour faire gagner la Ligue des champions. Ce transfert est également une aubaine pour le Qatar, propriétaire du club de la capitale via Qatar Sports Investments, sur le plan diplomatique.

"Libre et mobile" malgré le blocus. Le 5 juin dernier, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l'Égypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le richissime émirat gazier. Les quatre pays reprochent à Doha de soutenir des groupes islamistes radicaux et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran. "L'arrivée de Neymar dans le club de la capitale, propriété du Qatar, et le montant record du transfert, est un signal fort à ceux qui veulent l'isoler", a estimé sur Europe 1 Pascal Boniface, directeur de Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). "Le Qatar veut montrer qu'il existe, et qu'il est toujours libre et mobile."

"Le Qatar a une longue stratégie d'investissement dans le sport, ce qu'on appelle le soft power : exister sur la carte par le sport", précise le spécialiste. "En France, peu de gens connaissaient le Qatar avant qu'il n'achète le PSG (en 2011, ndlr). Depuis, il est connu de tous", illustre-t-il. 

Objectif Doha 2022. Autre enjeu pour le Qatar, et non des moindres : l'optique de la Coupe du monde 2022. "À l’époque, Neymar sera le meilleur joueur en exercice, car on peut penser que Messi et Ronaldo auront pris leur retraite", note Pascal Boniface. Neymar pourrait alors être la figure de la compétition, une mascotte de luxe. "De même que Zidane a été important dans le plaidoyer de la candidature de Doha 2022, Neymar sera important pour sa réalisation", appuie le directeur de l'Iris.

Le transfert de l'attaquant de 25 ans, qui vient de porter pendant quatre saisons les couleurs du Barça, pourrait bien être retardé. En effet, la Ligue espagnole de football a annoncé jeudi avoir refusé le paiement de la clause libératoire de 222 millions d'euros permettant son départ vers le Paris Saint-Germain.