Tour de France : "Le Maillot jaune, c’est le symbole de ce qu’il y a de plus grand", considère Bernard Hinault

Bernard Hinault sur le Tour 2019 (1280x640) JAMES ARTHUR GEKIERE / Belga / AFP 1:45
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Thomas Gentil , modifié à
Le Maillot jaune fête son centenaire. À cette occasion, chaque jour de la semaine, Europe 1 fait témoigner un ancien porteur de la célébrissime tunique. Ce matin, Axel May a rencontré le dernier vainqueur Français de la Grande Boucle (1985), Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour et porteur 78 fois de la tunique dorée.
INTERVIEW

Dernier vainqueur français du Tour de France, il y a 34 ans, Bernard Hinault a créé sa légende sur la Grande Boucle dès 1978. Lauréat dès de son premier Tour, le Blaireau s'était retrouvé en jaune au départ de la 20ème étape après avoir remporté le contre-la-montre Metz-Nancy grâce à une stratégie bien menée.

"C’était un grand contre-la-montre de 72 km, j’avais à peu près 14 secondes de retard sur Joop Zoetemelk", raconte-t-il à notre micro. "Connaissant mes capacités dans le contre-la-montre, et puisque je l’avais déjà dominé (Zoetemelk), je me suis dit, il n’y aura pas de souci, je vais gagner le Tour de France (sourire). Après, cela s’enchaîne, tu le portes quelques fois, je l’ai porté 78 fois en tout. Le Maillot jaune, pour un cycliste, c’est le symbole de la victoire, de ce qu’il y a de plus grand. Tu es vainqueur du Tour de France, c’est quand même impressionnant. Cela ne se court pas sur une journée mais sur 21 jours. Donc c’est à toi de réfléchir, est-ce que je le prends dès le début ? C'est parfois une erreur parce que ça te fait travailler énormément. Ou alors j’attends le dernier moment, et je frappe qu’un seul coup, le bon coup, comme en 1978."

Le Blaireau n'oublie pas non plus ses rendez-vous manqués avec ce fameux Maillot jaune. "En 1978, il y avait un contre-la-montre qui arrivait au Puy de Dôme, c’était le 14 juillet et je voulais prendre le Maillot jaune. Je me suis planté. C’était un rêve que je n’ai pas réalisé, ce jour-là. Je l’ai pris après. En 1979, l’étape où l’on arrive à Roubaix, j’ai une mauvaise crevaison, Joop Zoetemelk est devant, avec trois ou quatre coureurs, et je me bats comme un chiffonnier. Je perds le Maillot ce jour-là, mais je ne perds pas trop de temps sur la tête de la course." Il gagnera le Tour avec plus de treize minutes d'avance devant Zoetemelk…

"J'ai donné mes Maillots jaune à mes équipiers et aux personnels"

Malgré une mauvaise chute, le Blaireau remporte le Tour une cinquième et dernière fois en 1985 et porte le précieux Maillot jaune en 1986 pendant six jours encore pour aboutir à ce total de 78 jours dans la peau du leader. Des Maillots jaunes, il en a gardés et parfois donnés pour la bonne cause.

"J’ai couru avec des Maillots jaune en laine ou quand il pleuvait, ça sentait le phoque", raconte-t-il. "Aujourd’hui, on a des choses magnifiques, on dirait même que le coureur est moulé dans le vêtement (…) J’en ai encore et je vais les garder. J’en ai donné à tous mes équipiers et aux personnels. C’est une manière de les remercier car ils ont participé à ta victoire. J'ai mis des maillots en vente pour des projets humanitaires également, que cela soit pour la recherche contre le cancer où pour des enfants. J’en garderai pour mes petits-enfants. Et si j’ai la chance de voir mon petit-fils avec un Maillot jaune sur le dos, je serai ravi."