Michel Platini Bellinzone 1:31
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Yohann Tritz (envoyé spécial à Bellinzone), édité par Solène Leroux , modifié à
Nouvelle journée de procès pour Michel Platini et Sepp Blatter, dans l'affaire de paiement suspect qui a brisé leur carrière en 2015. Leurs deux auditions sont très attendues après les défaites de jeudi : toutes les requêtes de la défense ont été rejetées par la juge pénale. L'accusation entame ce nouveau jour avec des points d'avance.

Deuxième jour du procès de Sepp Blatter et Michel Platini en Suisse. C'est finalement ce jeudi que témoigne l'ancien dirigeant de la Fifa. Il devait s'exprimer mercredi, mais à 86 ans, il a évoqué des soucis de santé. Sepp Blatter reprend donc la parole ce jour, comme Michel Platini, afin d'expliquer pourquoi l'ancien patron de l'UEFA a reçu près de deux millions de francs suisses de la Fifa. Ce sont deux auditions très attendues après les défaites de jeudi : toutes les requêtes de la défense ont été rejetées par la juge pénale.

Michel Platini ose l'humour

Un Michel Platini clair, net, concis et surtout avec une grande confiance affichée lors de son interrogatoire. Le Français a parfois réussi à décontenancer la juge sur certaines réponses et même à faire un peu d'humour lorsqu'on lui pose la question 'pourquoi avez-vous demandé deux millions de francs suisses alors que sur votre contrat initial, vous aviez droit à 2,8 millions ?'. Réponse : "Je me suis trompé, c'est ma faute, ce n'est pas mon truc la finance, ça les arrange bien en plus à la FIFA", déclenchant les rires dans la salle.

S'il a demandé cette somme, huit ans après avoir quitté ses fonctions de conseiller technique auprès de Sepp Blatter, c'est tout simplement, dit-il, parce qu'il "avait vu d'autres membres de l'Association du football mondial quitter leurs fonctions avec un gros chèque" et non pas un pot de vin pour son soutien pour l'attribution du Mondial au Qatar.

D'une aisance déconcertante pendant plus d'une heure, Michel Platini a aussi tenu à charger son ancienne maison, la Fifa. Dans une tirade, Michel Platini se retourne vers l'accusation et s'insurge : "Bizarre quand même que l'affaire sorte en 2015, au moment où je suis candidat pour la présidence, alors que pendant quatre ans il n'y a rien eu et que ce paiement a été connu de tous", pointant du doigt, sans le nommer, l'actuel patron de Gianni Infantino.

Les avocats de la Fifa, qui ont d'ailleurs tenté de poser des questions à Sepp Blatter, entendu en premier, puis à Platini. Mais elles sont restées sans réponse. "Je ne leur parlerai pas, pas après la manière dont j'ai été traité. J'espère juste qu'il y aura une justice un jour", a conclu l'ancien numéro dix des Bleus. 

L'accusation, avec à sa tête Me Hohl-Chirazi, entame ainsi cette nouvelle journée avec des points d'avance. "À ce stade, ce que j'observe, c'est que le Tribunal pénal fédéral a rejeté toutes les questions préjudicielles, tant de Monsieur Platini que de Monsieur Blatter", a-t-elle dit. Le tribunal "a confirmé sa compétence pour les juger, et a reconnu le statut de partie plaignante de la Fifa", a-t-elle poursuivi.

Olivier Thormann attendu à la barre

Michel Platini ne s'avoue pas vaincu pour autant et attend patiemment les prochains jours cruciaux du procès, comme il l'a fait savoir par le biais de son avocat, Dominic Nellen : "Il y aura des témoins importants dans les prochains jours. Vous allez voir ce qu'ils déposent. On attend la décision du tribunal avec beaucoup de positivité."

D'autres témoins sont attendus à la barre ce jeudi, comme le magistrat Olivier Thormann. C'est lui qui a orchestré les enquêtes contre Sepp Blatter et la Fifa à l'époque. On le soupçonne d'être un proche d'un ancien collaborateur de l'instance du football mondial. Mais surtout, il travaille désormais au Tribunal pénal de Bellinzone, en Suisse, le lieu actuel du procès. La défense a tenté de le récuser, mais en vain.