Pourquoi le XV de France est-il si mauvais ?

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Le XV de France totalement dépité après son match nul contre le Japon, samedi dernier à l'U Arena. © FRANCK FIFE / AFP
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Après son match nul (23-23) ultra-décevant contre le Japon samedi soir, la France est au plus bas. 

"On a touché le fond". Cet aveu du capitaine du XV de France Guilhem Guirado après le triste nul (23-23) concédé samedi soir face au Japon sonne comme un cruel aveu de faiblesse après une tournée d’automne catastrophique. Quatre matches, trois défaites (deux contre la Nouvelle-Zélande et face à l’Afrique du Sud) et un match nul (contre le Japon). Un échec de plus qui fait reculer la France au 9e rang mondial, loin, très loin des All Blacks, de  l’Angleterre et de l’Irlande. Mais qu’est-ce qui cloche dans cette équipe ? Au-delà des joueurs, les problèmes semblent davantage structurels.

Le duo Laporte-Novès pose problème. "Tant que ma direction me garde sa confiance, j’irai au bout", assurait le sélectionneur du XV de France Guy Novès, dimanche. Il le dit depuis plusieurs semaines, il ne jettera pas l’éponge. Mais aura-t-il le temps d’aller jusqu’au bout de ses idées et d’honorer la fin de son contrat, prévue en 2019. Bernard Laporte voudra-t-il se séparer de lui avant ? Alors qu’il a toujours réfuté l’idée, le président de la Fédération française de rugby (FFR) a confié au Midi-olympique qu’il se donne "15 jours pour trancher". "S’il faut changer de sélectionneur, je le ferai, mais je ne veux pas me précipiter", assure-t-il.

S’il a seul le pouvoir de mettre un terme au mandat de Guy Novès, Bernard Laporte prendra-t-il pour autant ce risque ? Licencier le staff actuel – que Laporte n’a pas choisi, il a été élu après – coûterait environ trois millions d’euros, une somme énorme pour la Fédé. Le patron de la FFR pourrait être tenté de nommer un "super consultant", comme l’Anglais Clive Woodward ou rester dans un statu quo. Mais cette dernière option semble peu probable tant la discorde entre Laporte et Novès est décriée par tous.

Noves-Laporte

Un top 14 ultra-performant, un XV à la ramasse. "Le plus gros problème aujourd’hui c’est la confiance à tous les étages de notre rugby", estime l’ancien sélectionneur des Bleus Pierre Berbizier dans les colonnes de L’Equipe lundi. "Le couple président-entraîneur, quand il est fort, entraîne de la confiance. Ce n’est pas le cas, depuis le début. Tout le monde le sait. On est dans une hypocrisie qui, à un moment donné, se retourne contre soi". Autrement dit, la mésentente au sommet du rugby français n’aide pas les Bleus.

En prenant les rênes de la Fédération, Bernard Laporte a voulu instaurer une convention entre la FFR et la Ligue de rugby pour aider l’équipe de France. Dans les faits, 45 joueurs ont été "protégés" en leur offrant une réelle intersaison de 10 semaines (4 de repos et 6 d’entraînement) et deux semaines de préparation avant la tournée d’automne et le Tournoi des six nations. Le but est de protéger les joueurs du rythme toujours plus soutenu du Top 14. Pour le moment, les effets se font toujours attendre. Pire, certains joueurs ne croient pas à cette solution. "Je ne me sens pas forcément très bien physiquement", a même concédé Louis Picamoles samedi soir.

Que faire pour 2019 ? Que faire maintenant pour essayer de se relever ? Le Tournoi des six nations qui approche à grands pas inquiète plus qu’il n’enthousiasme les fans de rugby. Et l’année d’après, la France basculera déjà dans la préparation de la Coupe 2019 au Japon. Quelle stratégie adopter pour ce grand rendez-vous ? Rappeler des cadres, plus anciens, comme le demi d’ouverture clermontois Morgan Parra (dont le nom est revenu avec insistance pendant la tournée d’automne) ou continuer à faire confiance à la jeunesse. Le dilemme est cornélien pour les dirigeants français. Mais une chose est sûre, leur tâche est immense.