OM : Marcelo Bielsa, une année de "loco"

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avec la rédaction des sports d'Europe 1 , modifié à
BILAN - L'entraîneur argentin a démissionné de son poste de coach de l'Olympique de Marseille, après une année mouvementée. 

Insaisissable, surprenant, imprévisible. Marcelo Bielsa a été fidèle à sa réputation, samedi soir, en annonçant à la surprise générale sa démission de son poste d'entraîneur de l'Olympique de Marseille. Quelques minutes après la défaite des Phocéens face à Caen (0-1), lors de la première journée de Ligue 1, l'Argentin a provoqué un séisme sur la Canebière. "Je viens de démissionner de mon poste de l'Olympique de Marseille", a annoncé "El Loco" lors d'une conférence presse, avec un calme désarmant. Avec cette ultime pirouette, l'Argentin, arrivé à l'été 2014, clôture une année inoubliable sur le banc phocéen. Europe 1 dresse le bilan de l'entraîneur à la glacière qui aura réchauffé le championnat de France.  

  • Les résultats : une quatrième place frustrante  

Un départ canon, avant un printemps meurtrier. L'OM, en tête de la Ligue 1 au terme de la phase aller, termine la saison dernière à une frustrante quatrième place. Au soir de la 19e journée, les Marseillais étaient pourtant en tête et s'annonçaient comme un sérieux candidat au titre. Surtout, l'OM régale les amateurs de foot, avec des buts à gogo et un jeu ultra-offensif. Seule ombre au tableau : les éliminations précoces en coupe de France, contre Grenoble (pourtant en CFA, la quatrième division) en 32e de finale, et en coupe de la Ligue par Rennes, dès les 16e de finale. 

Mais lors des matches retour, la machine se grippe. En avril, les hommes de Marcelo Bielsa enchaînent une terrible série de quatre défaites consécutives, face au PSG, après un "classique" de toute beauté au Vélodrome (2-3), puis contre Bordeaux, Nantes et Lorient (défaite mémorable 5 à 3). Malgré quatre victoires lors des quatre dernières journées de championnat, l'OM échoue pourtant au pied du podium, derrière l'AS Monaco. Et, par la même occasion, laisse s'échapper la Ligue des champions pour deux petits points.

  • La communication : du Bielsa pur jus

Avant même son arrivée, le personnage défrayait la chronique. Surnommé "El Loco", le fou, l'entraîneur argentin arrivait avec une réputation d'entraîneur sanguin, aussi imprévisible que têtu. Il n'aura fallu que quelques mois pour le vérifier. Début septembre, Bielsa égratigne son président, Vincent Labrune, accusé de ne pas avoir tenu ses promesses durant le mercato d'été. "Je crois que le président m'a fait des promesses qu'il savait qu'il n'allait pas tenir. Si tout cela m'avait été dit avec sincérité, je l'aurais accepté. Mais dans le cas contraire, je ressens un sentiment de rébellion", attaque l'Argentin.

Heureusement pour l'OM, la tempête Bielsa se calme. Mais au fils des mois, l'incertitude plane sur son avenir à Marseille. L'Argentin est même absent à la reprise de l'entraînement, au début du mois de juin, après avoir décalé ses vacances. Mais "El Loco" revient finalement sur la Canebière, sans avoir prolongé officiellement son contrat. Après deux mois de négociations, il ne restait plus qu'à apposer la signature sur les documents, pensait-on. Le stylo restera dans l'armoire.

  • L'empreinte : une idole à Marseille, mais...

Malgré son départ précipité, Marcelo Bielsa aura réussi, en une saison, à devenir l'idole des exigeants supporters de l'OM. Après un exercice 2013-2014 cataclysmique, conclu par une piteuse 6e  place, les travées du Vélodrome se vident désespérément, échaudées par un football défensif et sans panache. Mais l'arrivée de Marcelo Bielsa sur la Canebière stoppe l'hémorragie. Fidèle à la philosophie du club, "droit au but", l'OM développe un des football les plus spectaculaires de France, pour le plus grand plaisir des amateurs de beau jeu. Comme par enchantement, le Vélodrome se remplit à nouveau et redevient le stade le plus chaud de France. En quelques mois, les portraits et les chants à la gloire de l'Argentin envahissent les mythiques virages nord et sud de l'enceinte marseillaise. Même la frustrante quatrième place de la saison dernière ne peut éclipser l'aura de l'astre Bielsa.

Mais son départ précipité a provoqué la colère d'une partie du public. Michel Tonini, le président des Yankees, un des principaux groupes de supporters marseillais, a confié sa colère samedi soir sur Europe 1. "Des fous comme ça, il fallait les laisser à l'asile psychiatrique et ne pas les recruter", a-t-il lancé, quelques minutes après avoir appris la démission de "El Loco". René Malville, autre fan bien connu, a exprimé "sa rage" après la démission de l'Argentin, dans une vidéo publiée sur le site internet Le Phocéen. "Bielsa je t'ai adoré, Bielsa je t'ai idolâtré. Mais là, tu m'as trahi", a-t-il clamé haut et fort. Dans la constellation marseillaise, l'étoile de l'Argentin a déjà commencé à pâlir.