Marie-Amélie Le Fur, 30 ans, championne paralympique : "Ce n'est pas le handicap qui vous gâche la vie, c'est la façon de le vivre"

Marie-Amélie Le Fur, GUILLAUME SOUVANT / AFP 1280
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Grégoire Duhourcau , modifié à
Marie-Amélie Le Fur a été amputée d'une jambe suite à un accident de la route à l'âge de 15 ans. Elle raconte à Olivier Delacroix sur Europe 1, comment elle est ensuite devenue championne paralympique.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Marie-Amélie Le Fur avait l'ambition de devenir sapeur-pompier professionnelle mais la vie en a voulu autrement. Victime d'un accident de la route à l'âge de 15 ans, elle a dû subir une amputation de la jambe. Elle a alors embrassé une carrière sportive jusqu'à remporter huit médailles (trois en or, trois en argent, deux en bronze) lors des Jeux paralympiques de 2008, 2012 et 2016. Elle explique à Olivier Delacroix sur Europe 1, avoir compris après son accident que la vie serait "différente" mais qu'elle n'en serait "pas moins belle" pour autant.

"En 2004, à l'âge de 15 ans, je suis renversée par une voiture. Pour moi, l'ambition à l'époque est d'être sapeur-pompier professionnelle et finalement, du jour au lendemain, ma vie bascule puisque je perds une jambe à la suite de cet accident. Ce sont des rêves qui s'en vont et surtout la compréhension que la vie sera différente mais qu'on a toutes les cartes en mains pour faire en sorte qu'elle ne soit pas moins belle. Le sport est arrivé comme un moyen de se sauver et définir de nouveaux objectifs.

C'est l'une des premières choses que j'ai formulées auprès de mes proches après mon accident, c'est cette volonté de repartir, de retrouver les terrains. Pas forcément de devenir championne paralympique au début mais d'avoir une continuité dans les rêves. Je pense que ça a été une chance que j'ai eue de ne pas baisser les bras, de comprendre que la vie était différente mais qu'on avait vraiment la possibilité de la rendre toute aussi belle et surtout de ne pas regarder dans le passé.

 

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

"Si je ne m'étais pas battue, c'est là que j'aurais gâché ma vie"

C'est mon entourage qui m'a aidé à trouver cette force du quotidien, cette force de se battre. Et puis tout simplement l'amour de la vie. Si je ne m'étais pas battue, si je n'avais pas eu envie de regarder demain, c'est là que j'aurais gâché ma vie. Ce n'est pas le handicap qui vous gâche la vie, c'est la façon de le vivre. Quoi qu'il arrive, ma vie allait continuer. Donc soit je faisais le choix de perdre du temps et de m'apitoyer sur mon sort, soit je prenais la décision d'accepter ce que je vivais.

Je ne dis pas que c'était facile, je ne dis pas que je n'aurais pas aimé une vie différente mais on a vraiment pris le courage de se dire que la vie elle serait différente mais qu'on avait plein de nouvelles choses à vivre et qu'il fallait s'engager dans cette voie-là.

"C'est aussi une forme de cadeau de la vie que de vivre des épreuves"

Une fois que je me suis engagée dans le parcours de sportive de haut niveau, j'étais à la recherche d'une excellence sportive. Finalement, ce que j'ai ressenti, c'est exactement la même chose que ce que vont ressentir tous les athlètes de haut niveau, c'est-à-dire de la satisfaction, de la fierté du travail accompli. Dès l'instant que l'on est dans ce parcours d'excellence, peut importe que l'on soit en situation de handicap, que l'on soit une personne valide, chacun a ses difficultés et c'est vraiment un parcours sportif que je suis allé chercher quand je me suis engagée dans mon sport.

[Ce n'est pas une revanche], c'est plutôt l'affirmation que l'on peut faire énormément de choses. Je n'ai pas de revanche à prendre contre la vie. Il m'est arrivé ce qui m'est arrivé. Cela a été quelque chose de difficile mais c'est aussi une forme de cadeau de la vie que de vivre des épreuves. Finalement, c'est dans la difficulté, c'est dans l'adversité, c'est dans la différence que l'on noue de nouvelles connections, que l'on ouvre de nouveaux horizons et que l'on fait, parfois, les plus belles choses de sa vie."