Pourquoi l'Islande peut battre le Portugal

"Il fait meilleur ici, non ?"
"Il fait meilleur ici, non ?" © FRANCISCO LEONG / AFP
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Margaux Lannuzel avec Alexis Hennebelle , modifié à
C'est l'histoire d'un pays qui compte 100 footballeurs professionnels, et qui a battu les Pays-Bas à deux reprises lors des éliminatoires.

Un petit État pour une grande compétition. "J'attends ça depuis toujours, je ne pensais pas que ça arriverait un jour", confie un supporter Islandais au micro d'Europe 1. Pour la première fois de son histoire, l'Islande s'est qualifiée pour l'Euro, battant en match éliminatoire la Turquie, la République Tchèque, mais surtout, et à deux reprises, les Pays-Bas ! "C'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui", poursuit le fan. "Maintenant, nous les voyons en phase finale, c'est fantastique." Et ça commence mardi, à 21h, à Saint-Etienne, par un choc contre le Portugal de Cristiano Ronaldo.

"Eteindre Ronaldo". Le nom effraie. "Tout le monde sait que Ronaldo est l'un des meilleurs joueurs au monde", avance Lars Lagerbäck, le sélectionneur islandais. "Donc évidement nous allons avoir un œil particulier sur lui. Mais il faut jouer contre toute l'équipe, on va faire de notre mieux pour éteindre Monsieur Ronaldo." Expérimenté, l'ancien coach des sélections suédoise et nigériane n'a pas froid aux yeux. Ronaldo ou pas, "il y a toujours une chance réaliste de gagner dans le foot", confiait-il à l'Equipe, dimanche.

Génération "indoor". Et Lagerbäck a des raisons d'espérer, tant la progression islandaise a été fulgurante : 112 au classement Fifa en 2010, le pays pointe désormais à la 34e place. En quelques années, le petit Etat a su dépasser tous ses handicaps, raconte l'Equipe. Le climat hostile, d'abord : alors qu'on ne pouvait y jouer que sur gravier jusqu'en 2000, l'Islande compte désormais sept terrains couverts. Le faible nombre de joueurs, ensuite : grâce à leurs diplômes financés par la fédération, des formateurs de haut niveau entraînent les enfants de toutes les régions du pays, dès le plus jeune âge. Plus de 23.000 Islandais sont désormais licenciés, dont 100 au niveau professionnel. De jeunes recrues qui filent ensuite à l'étranger : les 23 joueurs sélectionnés pour disputer l'Euro évoluent dans un autre pays. 

Une sélection sans star. "Nous jouons les uns pour les autres", assure le milieu Arnor Traustason. Lui et ses coéquipiers pourront compter sur le soutien de leur pays, leur qualification ayant suscité un véritable engouement national : pas moins de 30.000 personnes, soit près d'un dixième de la population islandaise (si, si) ont fait le déplacement en France. "Le football est le sport le plus important en Islande, beaucoup d'Islandais ont pris des vacances juste pour venir ici", affirme un supporter.  "Dans les grands matches, ils donnent toujours le meilleur d'eux-mêmes", estime un autre fan, confiant. "J'espère qu'ils iront pourquoi pas en finale, tout est possible". Un scénario qui rappellerait la victoire de l'équipe de Grèce, en finale de l'Euro 2004. C'était face au Portugal.