Incidents au Stade de France : pourquoi c'est d'abord un fiasco de l'organisation

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Virginie Phulpin
Une réunion ministérielle se tient ce lundi pour tenter de "cerner les dysfonctionnements" lors de la finale de la Ligue des champions samedi soir au Stade de France. L'éditorialiste d'Europe 1 Virginie Phulpin estime qu'il faut d'abord trouver les causes de ces débordements, et ne pas accuser trop vite les supporters anglais.
EDITO

Deux jours après les débordements qui ont éclaté au Stade de France, une réunion ministérielle a lieu lundi matin au ministère des Sports. Le but est d'analyser les dysfonctionnements de l’organisation de la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et Liverpool. Selon l'éditorialiste Virginie Phulpin, il faut d'abord rechercher les causes de ces débordements et se pencher sur les défaillances de l'organisation, avant d'avoir le reflexe de pointer trop vite les supporters anglais comme principaux responsables des incidents.

Le reflexe de pointer les supporters

Il est plus utile d'analyser les dysfonctionnements plutôt que d’accuser les supporters anglais d’être la source de tous les maux. C’est presque un réflexe, en France, de pointer du doigt le comportement des supporters. Parfois à raison. On l’a encore vu dimanche soir à Saint-Étienne, avec l’envahissement de la pelouse et les jets de fumigènes à la tête des joueurs. C'est inacceptable et dangereux, mais quel est le rapport avec ce qui s’est passé au Stade de France ?

Cela n’est pas un fiasco des supporters, mais de l’organisation. Tous les témoignages concordent. Dès la sortie du RER, c’était n’importe quoi. Des goulots d’étranglement qui empêchent la foule d’avancer, des supporters avec billets empêchés de rentrer dans le stade, des gens sans billet qui escaladaient les grilles, des policiers faisant usage de gaz lacrymogènes à tort et à travers. Le chaos, et on peut s’estimer heureux que cela ne se soit pas plus mal fini.

De nombreuses interrogations sur la sécurité

Alors à qui la faute ? Il va falloir dépasser le simplisme de bas étage. Non, les supporters anglais ne sont pas une bande de hooligans assoiffés de bière et de bagarre qui veulent tous rentrer sans billets. Liverpool a participé à plusieurs finales de Ligue des champions ces dernières années, et c’est la première fois qu’on assiste à cette pagaille. L’exemple anglais des tribunes, on l’utilise quand ça nous arrange. Pourquoi n’a-t-on pas su gérer ?

Ensuite, les jeunes locaux, qui ont cherché à rentrer sans billet. Ils profitent de la caisse de résonance de cette finale pour semer le chaos. Mais pourquoi arrivent-ils jusqu’au stade, pourquoi il n’y a pas de cordons de sécurité plus éloignés ? Et puis ces policiers qui utilisent leur lacrymo plus vite que leur ombre, est-ce qu’ils sont formés à la gestion des supporters, aux mouvements de foule d’une finale ? On peut en douter.

"La France ne sait plus gérer les déplacements de supporters"

La France va devoir reconnaître ses erreurs, parce que les JO de Paris 2024 arrivent vite. Remettre la faute sur les autres ne nous avancera à rien dans l’optique de ces Jeux olympiques et paralympiques dont la cérémonie d’ouverture aura lieu en pleine ville. Ce qui semblait la meilleure des idées peut faire peur aujourd’hui. Serons-nous capables de gérer ? Les données sont quand même très différentes entre des jeux et un match de football.

Ce qui pose problème c’est la question des supporters. À force de ne pas s’occuper de cette question, les pouvoirs publics se retrouvent démunis. "On ne veut pas s’en occuper", cela renvoie à ces arrêtés préfectoraux qui interdisent, semaine après semaine, le déplacement de supporters. À force d’interdire, on ne sait plus faire. La France ne sait plus gérer les déplacements de supporters. Alors allons-y, analysons tous les manquements, à tous les niveaux, que chacun reconnaisse ses erreurs. C’est le seul moyen de pouvoir les corriger. Il reste deux ans avant Paris 2024, et une éternité avant la prochaine finale de Ligue des champions en France.