Football : mort de Francis Smerecki, l'entraîneur qui a dit non aux quotas

Francis Smerecki était entré dans le giron de la FFF en 2004 pour s'y occuper de sélections de jeunes.
Francis Smerecki était entré dans le giron de la FFF en 2004 pour s'y occuper de sélections de jeunes. © AFP
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avec AFP , modifié à
Longtemps en charge de la sélection des jeunes joueurs, l'entraîneur est mort jeudi matin à l'âge de 68 ans de suites d'une longue maladie, a annoncé la FFF. 

L'entraîneur Francis Smerecki, qui a longtemps été en charge des sélections de jeunes et s'était opposé à l'introduction de quotas dans le foot, est mort à l'âge de 68 ans ce jeudi matin des suites d'une longue maladie, a annoncé la Fédération française de football (FFF).

Smerecki s'était fait connaître du grand public pendant l'affaire des quotas au printemps 2011 : lors d'une réunion de la Direction technique nationale (DTN) fin 2010, il s'était opposé frontalement à l'idée naissante d'imposer des quotas de binationaux dans les centres de formation, la jugeant discriminatoire. Il avait alors été le seul à s'élever contre les propos tenus par le sélectionneur Laurent Blanc, le directeur technique national François Blaquart et le sélectionneur de l'équipe Espoirs Érick Mombaerts.

Smerecki avait cependant refusé de participer à la polémique qui avait ébranlé le foot français et déchiré les champions du monde 1998, suscitant des réactions jusqu'au monde politique. "On a le droit de défendre une philosophie de jeu, on a le droit de voter à gauche, à droite, d'avancer des idées, mais aussi de donner un avis contraire sur certaines idées, sur des points qui nous tiennent à cœur", avait-il simplement déclaré en août 2011, à l'issue de la Coupe du monde U20 en Colombie, où ses Bleuets avaient fini 4èmes.

"C'était un ami", a réagi Noël Le Graët. "La disparition de Francis, qui a lutté avec un courage exemplaire contre la maladie ces derniers mois, plonge la Fédération dans une grande tristesse", a réagi jeudi Noël Le Graët, le président de la FFF, dans un communiqué. "Francis était un grand technicien, un homme de grande valeur, il était apprécié par tous, pour son humanité, sa convivialité. J'ai pu personnellement apprécier pendant six années ses qualités humaines lorsqu'il a dirigé l'En Avant de Guingamp en tant qu'entraîneur (de 1993 à 1999). C'était un ami. La Fédération et le football français perdent une personnalité et un formateur de grande compétence", a-t-il ajouté.

"Le football français lui doit beaucoup", selon Deschamps. Le sélectionneur Didier Deschamps a également éprouvé "beaucoup de tristesse" à cette annonce. "Mon staff partage cette émotion", a-t-il précisé. "Le football français et l'équipe de France lui doivent beaucoup : il était un pilier de la formation des entraîneurs et de nombreux internationaux A sont passés entre ses mains dans les sélections de jeunes. Nous garderons le souvenir d'un grand pédagogue, d'un collègue bienveillant, passionné, toujours positif", a ajouté l'entraîneur des Bleus sur le site de la FFF.

Une modeste carrière de joueur. Après une carrière modeste de joueur, Smerecki était entré dans le giron de la FFF en 2004 pour s'y occuper de sélections de jeunes. En 2010, il avait remporté le titre de champion d'Europe U19 avec une équipe comptant Antoine Griezmann et Alexandre Lacazette. Il avait atteint les demi-finales du Mondial 2011 en U20 avec ces deux mêmes joueurs. Smerecki avait aussi été finaliste de l'Euro U17 en 2008 et de l'Euro U19 en 2013. 

Antoine Griezmann jouera "aussi pour Smerecki, en Russie"

"C'est Monsieur Smerecki qui m'a permis de porter le maillot bleu pour la première fois de ma vie, au mois de mars 2010, lors d'un match amical contre l'Ukraine, alors qu'à l'époque, personne ne me connaissait vraiment en France quand je jouais à la Real Sociedad", a rappelé jeudi Antoine Griezman. "Quand j'ai intégré les Espoirs puis les A, c'est toujours avec beaucoup de plaisir que je le croisais à Clairefontaine parfois. Je jouerai aussi pour lui, en Russie", a avancé "Grizou" sur Twitter, à trois jours du départ pour Moscou. "Sa disparition me fait beaucoup de peine. C'est un entraîneur qui a beaucoup compté dans mon parcours. Le Championnat d'Europe des moins de 19 ans en Normandie et la finale remportée contre l'Espagne pendant l'été 2010 demeurent l'une de mes premières grandes joies", a-t-il aussi rappelé.