• Copié
Margaux Baralon , modifié à
RUGBY - Le président du Rugby Club Toulonnais voudrait quitter le Top 14 pour intégrer un championnat anglais.
INTERVIEW

"Je ne vois pas en quoi ce serait un problème." Mourad Boudjellal a enfoncé le clou, jeudi sur Europe 1. Le président du Rugby Club Toulonnais (RCT) souhaite bien que son équipe de rugby quitte le Top 14 pour être intégrée à la Premiership, le Championnat d'Angleterre. Il en a fait la demande écrite aux Anglais. "Pour nous, ce serait assez amusant d'aller essayer de gagner le titre de champion d'Angleterre", a t-il déclaré dans Europe Midi. 

"Victime de harcèlement". Mais là n'est pas la principale raison de cette idée incongrue. Mourad Boudjellal est en conflit permanent avec la Ligue nationale de rugby. Dernier sujet de discorde en date : celui du "salary cap", c'est-à-dire des règles de plafonnement des salaires en Top 14. Celles-ci ont récemment été modifiées par la LNR pour mieux prendre en compte les primes de finales des joueurs. Or, à Toulon, ces primes comptaient parfois pour 50% du salaire des rugbymen. La goutte d'eau pour Mourad Boudjellal, qui estime que ces règlements plombent son club. "A la Ligue, on prend des mesures non plus dans l'intérêt du rugby mais pour empêcher Toulon de grandir", accuse-t-il. "Je suis victime de harcèlement depuis des années."

Un RCT mal considéré. Pour le président du club varois, en France, "le rugby est dirigé uniquement par des gens qui ont perdu de l'argent dans leur club. Ils ont une notion de l'économie du rugby fatalement négative". Or, son club "a contribué plus que largement au développement de l'économie du Top 14", assène-t-il. De fait, le RCT est devenu l'une des meilleures équipes du championnat français ces dernières années, emportant le Brennus en 2014 et raflant les trois Coupes d'Europe de 2013, 2014 et 2015. Mais il ne serait pas traité par la LNR à la hauteur de ses résultats. "Nous qui créons une économie, on est considérés de la même façon que des clubs où des investisseurs mettent des millions d'euros sans créer d'engouement et sans créer de richesse pour les autres clubs", peste Mourad Boudjellal.

Un "phénomène de curiosité". Dès lors, s'exiler outre-Manche aurait valeur de sanction. "Si on va en Angleterre, peut-être que Canal+ n'aura plus envie de mettre 74 millions d'euros sur le Top 14" en droits télévisés, avertit Mourad Boudjellal. "Des fois, il faut une absence pour se rendre compte de ce que les gens apportent". Si sa demande a très peu de chance d'aboutir, même à moyen terme, le président du RCT pense néanmoins qu'il serait dans l'intérêt des Anglais d'accepter. "Ils sont intelligents. Ils savent que si Toulon vient dans le championnat anglais, c'est la renégociation de leurs droits télé, c'est un phénomène de curiosité comme il n'y en a jamais eu."

Peu d'avantages à court terme. Dans les faits, aucun règlement n'empêche l'exil du RCT. Un autre club français, mais en rugby à XIII, évolue d'ailleurs déjà dans une compétition anglaise. Pour Toulon néanmoins, un transfert semble avoir peu d'avantages à court terme, alors que le Top 14 reste considéré d'un niveau supérieur à celui du Championnat d'Angleterre et que les droits télévisés, nerfs de la guerre, y sont plus élevés. Provocation ou non, la dernière idée de Mourad Boudjellal risque bien de mettre encore de l'huile sur le feu des relations déjà explosives que le président du RCT entretient avec la LNR.