Athlétisme/corruption : le procès Diack est renvoyé pour des problèmes de procédure

Le procès de Lamine Diack pour corruption s'ouvre lundi à Paris
Le procès de Lamine Diack pour corruption s'ouvre lundi à Paris © AFP
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Alain Acco et Corinne Boulloud, édité par Laetitia Drevet , modifié à
Le procès de l'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme, Lamine Diack, pour corruption, abus de confiance et blanchiment, devait s'ouvrir lundi à Paris. Il a été renvoyé lundi au moins jusqu'au mois de juin par la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris en raison de problèmes de procédure.

Mis à jour lundi à 16h - Le procès de Lamine Diack, ancien patron de l'athlétisme mondial, a été renvoyé lundi au moins jusqu'au mois de juin par la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris en raison de problèmes de procédure, a annoncé la présidente Rose-Marie Hunault peu de temps après son ouverture. Le procès, qui porte sur un système de corruption voué à protéger des athlètes russes dopés, est renvoyé notamment parce que le Sénégal a fait parvenir "très récemment" des actes d'enquête qui avaient été demandés par les juges d'instruction en 2016 et auxquels Dakar n'avait jusque-là jamais répondu, a-t-il été précisé.

C'est un procès pour corruption au plus haut niveau du sport mondial qui devait s'ouvrir lundi à Paris. Lamine Diack, président sénégalais de la Fédération internationale d'athlétisme entre 1999 et 2015, aujourd'hui âgé de 86 ans, doit être jugé jugé pour avoir mis en place un système de corruption notamment destiné à couvrir le dopage d'athlètes russes avant les JO de 2012. Il est aujourd'hui poursuivi pour corruption, abus de confiance et blanchiment

Quelques mois avant les Jeux Olympiques de Londres, 23 sportifs russes auraient dû être déclarés positifs par la Fédération internationale d'athlétisme. Pour éviter le scandale et préserver les droits télé des championnats du monde de 2013 à Moscou, le président Lamine Diack avait conclu un pacte avec son homologue russe : en échange de l'indulgence de ses services antidopages, il aurait touché un million et demi de dollars. Il les aurait utilisés pour financer la campagne électorale du futur président de la République du Sénégal.

16 passés à la tête de l’athéisme mondial 

Avant d'être rattrapé par les scandales et devenir le symbole de l'affairisme qui a gangrené la fédération internationale (IAAF), Lamine Diack avait régné durant 16 ans à la tête de l'athlétisme mondial, premier président non-européen de l'instance. Plus jeune, il avait lui-même été sportif, sauteur en longueur sous le maillot de l'équipe de France, puis joueur de football et Directeur Technique National de l'équipe du Sénégal après l'indépendance de 1960, entre 1964 et 1968. 

Lamine Diack a aussi été un homme politique d'envergure dans son pays, maire de Dakar de 1978 à 1980, et parlementaire de 1978 à 1993. Il a vu son bilan et sa réputation ternis par l'accumulation des accusations ces dernières années. Il avait notamment été mis en examen pour corruption passive dans l'enquête sur l'attribution des Jeux olympiques de Rio (2016), de Tokyo (2020) et des Mondiaux d'athlétisme 2017. 

Son fils réfugié à Dakar pour échapper à la justice 

Au procès qui s'ouvre lundi à Paris, seules trois des six personnes mises en examen seront présentes : Lamine Diack, assigné à résidence depuis quatre ans en région parisienne, son ancien bras droit, avocat sénégalais, ainsi que le Français qui dirigeait les services antidopages de la Fédération Internationale d'Athlétisme. Les trois autres font l'objet d'un mandat d'arrêt.

Parmi eux, il y a le fils de Lamine Diack, Papa Massata, réfugié à Dakar pour échapper à la justice française. Impossible de connaître la fortune de celui qui aurait profité le plus du système mis en place par son père. C'est aussi lui qui a négocié les droits marketing pour le compte de la Fédération internationale d'athlétisme pendant plusieurs années. D'après l'enquête des trois juges d'instruction français, il aurait touché et détourné plusieurs millions de dollars.