Virenque sur Jalabert : "un peu bizarre"

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avec la rédaction d'Europe 1 , modifié à
DOPAGE - L'ancien coureur s''est étonné sur Europe 1 des révélations faites sur son compatriote.
Laurent Jalabert sur le Tour 1998 (930x620)

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Le Tour 1998 n'avait donc pas fini de tourmenter le cyclisme français. Après avoir fait chuter l'icône des sommets, Richard Virenque, lors de la fameuse affaire Festina, il est revenu dans l'actualité lundi avec les révélations du quotidien L'Equipe, selon lesquelles la commission d'enquête sénatoriale sur le dopage a fait le lien entre des contrôles positifs réalisés en 2004 sur des échantillons prélevés sur le Tour 1998 et le nom de plusieurs coureurs. Le tout à quelques jours seulement du départ de la 100e édition de la Grande Boucle, samedi, depuis la Corse. "C'est sûr que c'est une drôle d'ambiance, en tout cas, on lance une bombe sur Laurent Jalabert au départ du Tour, c'est un peu bizarre tout ça", s'est étonné mardi matin Richard Virenque, consultant Europe 1. "Est-ce que je suis surpris ? Oui et non. Je suis surpris qu'un journal sorte une info quinze ans après (le contrôle date d'il y a 15 ans mais l'info, elle, n'est pas encore officielle... ndlr). En 1998, il y avait un problème qui existait dans le cyclisme mais surtout dans le sport tout entier."

Comme il l'avait fait au moment des révélations sur le système de dopage mis en place par Lance Armstrong, Virenque dénonce des recherches uniquement centrées sur le cyclisme. "Ce que je peux dire, c'est que, dans tous les sports, un laxisme existe. En 1998, on a choisi d'essayer enrayer tout ça, bien sûr, mais on est "rentré" dans le Tour de France." Le septuple vainqueur du Grand Prix de la montagne regrette également qu'il ait été le seul, avec son équipe, à "payer" au prix fort les dérives de l'époque.  "On m'est tombé sur la tête, j'ai payé pour tout ça. Ça a été exagéré. On a fait payer une équipe, tout simplement", a-t-il regretté. "Pourquoi on a monté un procès Festina ? Pourquoi on m'a mis un an de suspension ? Pourquoi on n'est pas allé dans d'autres sports ? C'est facile d'aller dans un seul sport."

Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports (930x620)

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Invitée à lui répondre dans Europe 1 matin, l'élue communiste Marie-George Buffet, ministre des Sports à l'époque du Tour 1998, a tenu à rejeter ces accusations de "diabolisation" du cyclisme. "Nous avons mené cette lutte contre le dopage dans tous les sports mais, il est vrai que, dans le cyclisme, et ensuite on l'a su de façon plus détaillée, il y avait un système dans un certain nombre d'équipes qui faisait que le dopage était très répandu, il y a eu des témoignages allant en ce sens", a-t-elle insisté. Rebondissant sur cette affaire Jalabert, la députée de Seine-Saint-Denis estime que la lutte antidopage doit se poursuivre : "la question n'est pas de supprimer le Tour de France ou de faire du mal au cyclisme. La question, c'est de faire en sorte que le Tour de France se fasse sans dopage ! Il faut que l'on puisse avoir les contrôles nécessaires, que l'Agence française de lutte contre le dopage puisse faire ses contrôles. Je pense qu'il faut que, de nouveau, la puissance publique fasse un discours politique, notamment de prévention, contre le dopage."

Si l'ancienne ministre n'a pas réagi précisément sur le cas Jalabert, le sénateur socialiste du Puy de Dôme Alain Néri, membre de la commission d'enquête sénatoriale sur le dopage, a lui chargé l'ancien coureur. Invité à s'expliquer le 15 mai dernier devant la commission, Jalabert avait déclaré qu'il ignorait s'il avait été dopé, une défense qu'il a reconduite lundi dans les médias dans lesquels il est consultant. "Laurent Jalabert, à la question que je lui posais, nous a dit très tranquillement : "le soir, à la Once, on avait un soin. Est-ce qu'on été dopés ? non je ne le pense pas"", raconte l'élu. "Il avait l'occasion de dire la vérité devant la commission. Je regrette qu'il ne l'ait pas dite. Je considère que Laurent Jalabert s'est en quelque sorte parjuré devant la commission. Ça, ce n'est pas acceptable." Pour autant, l'ancien coureur de la Once, en se retranchant derrière l'explication (ou l'excuse) de l'ignorance, n'a pas dit clairement "je ne me suis pas dopé" et peut donc difficilement encourir une quelconque sanction pénale.