Trop dangereuse, la F1 ?

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Yannick SAGORIN , modifié à
Ce n'est pas une nouveauté mais la tendance est à la dégradation si l'on en croit les principaux protagonistes. A l'image d'un Sebastian Vettel qui a réitéré ce week-end sa menace de grève, nombre de pilotes estiment difficile aujourd'hui de conduire leur monoplace en toute sécurité. En cause, des innovations techniques galopantes qui sont autant de fonctionnalités supplémentaires à gérer dans le cockpit.

Ce n'est pas une nouveauté mais la tendance est à la dégradation si l'on en croit les principaux protagonistes. A l'image d'un Sebastian Vettel qui a réitéré ce week-end sa menace de grève, nombre de pilotes estiment difficile aujourd'hui de conduire leur monoplace en toute sécurité. En cause, des innovations techniques galopantes qui sont autant de fonctionnalités supplémentaires à gérer dans le cockpit. La polémique est née cet hiver et ne cesse de prendre de l'ampleur. Le premier Grand Prix de la saison, il y a huit jours à Melbourne, n'a pas apaisé les pilotes les plus tourmentés - ou les moins inconscients. Sebastian Vettel lui-même est revenu à la charge ce week-end pour dénoncer l'utilisation actuelle des fameux Kers et aileron arrière ajustable. Des innovations techniques de pointe quasiment indispensables aujourd'hui pour bien figurer en course. "Si la situation empire au point de devenir dangereuse, je pense que nous avons le poids qu'il faut pour nous faire entendre. Notre dernier recours pourrait être de ne pas courir si la situation n'évoluait pas, menaçait dimanche le champion du monde sortant, qui est également directeur de l'Association des Pilotes de Grand Prix (GPDA), dans les colonnes du quotidien allemand Die Welt. En attendant, nous allons discuter avec la fédération internationale afin de trouver une solution raisonnable." De l'aveu unanime des acteurs de la F1, jamais une monoplace n'a été aussi difficile à piloter qu'en cette saison 2011. Le nombre de commandes au volant est tel aujourd'hui que Sebastian Vettel n'hésite pas à faire la comparaison entre son attitude en Grand Prix et celle d'un conducteur lancé à pleine vitesse sur l'autoroute qui jouerait avec son téléphone portable. Si bien qu'un groupe de travail technique collabore en ce moment-même avec la FIA pour tenter de faciliter la tâche des pilotes. Autant que faire se peut au volant d'un bolide propulsé à 300 km/h. La parade de Mercedes "Il y a beaucoup de possibilités pour décharger le pilote, mais il faut l'accord de la majorité des équipes, prévient Sam Michael, le directeur technique de l'écurie Williams. Je ne pense pas que nous allons pouvoir le faire pour cette année, mais c'est une priorité pour 2012." Il y a trois mois pourtant, son homologue chez Ferrari, Aldo Costa, avait déjà tiré la sonnette d'alarme, dans les pages d'Autosport: "Nous avons atteint un niveau inacceptable. Nous effectuons des évaluations par simulateur car nous voulons déterminer si les pilotes peuvent physiquement gérer tous ces éléments. Et la situation est un peu extrême..." Comme Sebastian Vettel, la plupart des pilotes confirment. "Chaque année, le volant est de pire en pire. Nous sommes désormais à la limite. C'est devenu plus dangereux, donc nous en avons informé la FIA", soufflait Nick Heidfeld il y a peu dans le magazine Focus. Moins alarmiste dans Auto Bild, Nico Rosberg avouait tout de même que "dans certaines circonstances, il y a un risque pour la sécurité". Une confession partagée par Rubens Barrichello - "Le problème, c'est que vous ne regardez plus la route. Il n'y a pas une seule ligne droite où vous n'enfoncez pas un bouton" - et Fernando Alonso: "Sans le réaliser, l'attention se détourne du pilotage. Les voitures deviennent plus difficiles à conduire quand vous devez faire tous ces changements d'un virage à l'autre." Au sein de Scuderia pourtant - comme chez McLaren - les ingénieurs ont veillé à soulager leurs protégés, en troquant les boutons de façade dédiés à l'inclinaison de l'aileron arrière pour des palettes placées derrière le volant. Une adaptation censée rendre la manoeuvre des pilotes plus intuitive. En la matière, la palme de l'astuce reviendrait cependant à Mercedes. Selon le magazine Auto Motor und Sport, la MGP W02 de Michael Schumacher et Nico Rosberg serait équipée d'une pédale supplémentaire, au niveau du pied gauche, pour actionner le fameux aileron. Un dispositif qui devrait faire des émules.