Stamm ne désarme pas

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Il aura été l'un des grands malheureux du Vendée Globe ! Contraint à un demi-tour d'entrée puis à l'abandon lorsque Cheminées Poujoulat s'est échoué aux Kerguelen, Bernard Stamm aurait pu jeter l'éponge de découragement. Mais ce n'est pas le genre de la maison, aussi le Suisse a-t-il décidé de bâtir un nouveau projet pour le Vendée 2012-13, avec l'intention de tirer les leçons du passé. En attendant, c'est sur Class 40 avec Bruno Jourdren qu'il naviguera en 2009...

Il aura été l'un des grands malheureux du dernier Vendée Globe ! Contraint à un demi-tour d'entrée puis à l'abandon lorsque Cheminées Poujoulat s'est aux Kerguelen, Bernard Stamm, qui n'avait pu prendre le départ en 2004 et avait renoncé assez tôt en 2000, aurait pu jeter l'éponge de découragement. Mais ce n'est pas le genre de la maison, aussi, le Suisse a-t-il décidé de bâtir un nouveau projet pour le Vendée 2012-12, avec l'intention de tirer les leçons du passé. En attendant, c'est sur Class 40 au côté de l'ami Bruno Jourdren qu'il naviguera en 2009...C'était il y a six mois... Victime d'un problème de safrans, Bernard Stamm, contraint à une course-poursuite depuis le départ du Vendée Globe à cause d'une collision lors de la première nuit de mer avec un cargo, décidait de se dérouter vers les Kerguelen dans l'espoir de réparer. Les éléments en décidèrent autrement, drossant Cheminées Poujoulat sur les rochers de l'archipel du bout du monde et contraignant son skipper à abandonner, comme en 2000 (dans la descente de l'Atlantique) et 2004 (il ne put prendre le départ, à cause de son chavirage lors de la Transat anglaise alors qu'il était en tête). La suite ? Un long convoyage à bord du Marion-Dufresne entre les Kerguelen et La Réunion, le constat clair à l'arrivée que l'ancien Virbac-Paprec de Jean-Pierre Dick est bon pour la casse et de longues démarches administratives pour obtenir le remboursement de l'assureur de la classe Imoca.Juin 2009, le chapitre n'est pas encore fermé: "Mon 60 pieds est toujours à la Réunion, nous confirme Bernard Stamm. Je suis toujours en attente de réponse des assurances, ça n'a pas trop avancé. J'en reviens car il fallu s'occuper de libérer le container qu'on m'avait prêté, mais le noeud du problème, c'est qu'il faut être payé. Le bateau a été déclaré en perte totale, du coup, pour que ça aille plus loin, il faut qu'on puisse être remboursé. C'est long, ça suit son chemin normal, l'assurance de l'Imoca, c'est des Russes, donc il a fallu traduire tout ça en russe. Ça prend du temps, je ne suis sûrement pas l'unique dossier." Du temps pour un plan Farr, mis à l'eau en 2003, qui va donc achever sa vie dans une casse réunionnaise ("On doit finir de détruire ce qui n'est pas cassé") et pour un marin qui, du coup, se retrouve un peu «le cul entre deux chaises», obligé de solder les comptes de ce Vendée 2008 pour se tourner vers l'avenir: "C'est sûr que c'est un peu usant de ne pas avoir de réponse, ça bloque un peu le reste, c'est pour ça qu'on a mis en route un programme de substitution.""Avec Bruno, on est complémentaires"En effet, las de ne pas naviguer et de ne pas pouvoir donner de visibilité à ses sponsors, Cheminées Poujoulat en tête, resté dans le navire malgré la tempête, Bernard Stamm a profité d'une occasion offerte pas son copain Bruno Jourdren, qui possède un Class 40, plan Simon Rogers, pour monter à la va-vite un projet de Class 40 pour 2009: "C'est une opportunité qui s'est présentée, il avait besoin d'un partenaire, moi ça m'arrangeait de pouvoir proposer quelques chose à Cheminées Poujoulat, donc c'est plutôt pas mal." Et voilà les deux hommes, qui ont terminé deuxièmes lors du Grand Prix Petit-Navire début mai, embarqués pour un programme de trois courses qui débutera le 21 juin par le Trophée SNSM, se poursuivra début septembre par les 1000 Milles de la Britanny Ferries, dont Jourdren est le tenant (avec Kito de Pavant) pour s'achever en octobre par la première édition de la Solidaire du Chocolat, transat en double entre Saint-Nazaire et le Mexique. De 60 à 40 pieds, la différence est sensible pour Bernard Stamm qui devrait du coup être comme un poisson dans l'eau sur son nouveau Cheminées Poujoulat: "La taille détermine un peu tout le reste, c'est des mobylettes. Physiquement, c'est beaucoup moins contraignant, c'est une classe de bateau plus sage au niveau des possibilités techniques, il n'y a pas de quille basculante, il y a beaucoup de limites, donc c'est beaucoup plus simple. Mais ça reste des bateaux comparables en terme de rapport taille-puissance, c'est un peu la même philosophie. Après, c'est comme tous les bateaux, c'est facile de les faire avancer, mais les faire avancer plus vite que les autres, c'est toujours aussi compliqué !" Mais ça, tant Bruno Jourdren, médaillé d'argent aux jeux paralympiques de Pékin, et vainqueur auparavant de nombreuses courses, dont la Transat AG2R en 1998, que Bernard Stamm, lauréat du Fastnet 2005, savent y faire, eux qui, aux dires de «l'Helvéto-Bigouden», font la paire: "On est assez complémentaires, lui est plutôt plus compétent en course au contact, moi plus typé large."Un nouveau bateau en projetLe large, venons-y ! Et que ceux qui pensent, que, après trois campagnes mal terminées, le skipper de Cheminées Poujoulat est fâché avec le Vendée Globe, se détrompent, l'envie est encore là, et bien là ! "Je pense à la suite, clairement, les problèmes du Vendée Globe 2008 ne m'ont pas empêché de commencer à construire le projet 2012. Maintenant, ça reste du projet, à un moment, il faudra décider et pour ça, il faut que les choses passées soient réglées." Le Suisse espère bien que ce sera bientôt le cas, lui qui, fort du soutien réitéré de ses partenaires, a déjà pensé à tout, notamment à la construction d'un nouveau 60 pieds. Car pas question, comme il l'avait fait la fois dernière, d'en récupérer un, même de dernière génération: "Ça, j'ai fait, c'était bien, mais ça change vite et je pense qu'on a travaillé autant que sur un bateau neuf. Par contre, on a moins navigué. Donc ce qu'on a fait est difficilement refaisable, on a vu que le bateau était performant, les moyennes que j'ai pu faire ont montré qu'on avait progressé, mais on a dû le transformer beaucoup."Autant dire que s'il ne veut ni dévoiler son cahier des charges ni les architectes qu'il a contactés, Bernard Stamm sait pertinemment ce qu'il veut. "Le bateau idéal ? Il ne se rapprocherait pas d'un bateau actuel ! Tout le monde va aller plus loin, pas forcément dans la démesure, mais on peut aller plus loin dans tous les sens : sécurité, vitesse, maniabilité, fiabilité. Maintenant, il faut démarrer..." On le voit, Bernard Stamm, qui devrait profiter d'un créneau fin juin pour convoyer Groupama 3 vers New York au côté de Franck Cammas, ne cache pas une certaine impatience de tourner la page du dernier Vendée, une course avec laquelle il n'a pas fini son histoire: "Il n'y a pas de hasard dans les choses, conclut-il. Là, on n'était pas loin de la vérité, mais le truc qui manquait, il manquait vraiment. C'est à nous de progresser et c'est cet exercice qui est intéressant." Rendez-vous à Port-Olona le 21 octobre 2012 !