Ravva: "Je m'éclate toujours"

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Propos recueillis par Martin ROY , modifié à
Une semaine après avoir étrillé Mulhouse hors de ses bases (3-0), le RC Cannes tentera de rééditer pareille performance au Palais des Victoires, samedi, en match retour de la finale du Championnat de France. Pas rassasiée après ses quatorze titres glanés avec sa formation, Victoria Ravva est bien décidée à ajouter un nouveau trophée à son tableau de chasse. De son propre aveu, à 35 ans, la capitaine azuréenne "s'amuse toujours autant" et n'a pas de projet concret sur sa reconversion.

Une semaine après avoir étrillé Mulhouse hors de ses bases (3-0), le RC Cannes tentera de rééditer pareille performance au Palais des Victoires, samedi, en match retour de la finale du Championnat de France. Pas rassasiée après ses quatorze titres glanés avec sa formation, Victoria Ravva est bien décidée à ajouter un nouveau trophée à son tableau de chasse. De son propre aveu, à 35 ans, la capitaine azuréenne "s'amuse toujours autant" et n'a pas de projet concret sur sa reconversion. Victoria, l'obtention d'un seizième sacre se profile pour le RC Cannes. Exactement. On est à deux jours de la finale retour. On a hâte que ça se termine et que ça finisse bien pour nous. On a bien commencé en remportant la première manche 3 sets à 0. Mais ça ne veut rien dire, cette équipe de Mulhouse peut toujours nous mettre en difficulté. Il ne faut pas se relâcher et rester concentré en montrant ce qu'on sait faire. Je pense quand même qu'on a une équipe qui a plus de capacités et plus de solutions que notre adversaire. Si on joue bien, ça devrait passer. Quels sont selon-vous les points forts de cette équipe de Mulhouse, votre dauphin de la saison régulière ? Ces filles-là sont agressives et compétitives sur un terrain. C'est très important dans le sport. Mulhouse a beau ne pas avoir beaucoup de remplaçantes, ça reste un défaut mais aussi une qualité puisqu'il joue chaque semaine avec le même six majeur. Les filles ont des repères très forts. Elles ne tournent peut-être pas beaucoup mais elles ont l'habitude de jouer ensemble. Mulhouse dispose de joueuses de qualité à chaque poste qui sont capables de jouer un grand match, surtout la passeuse qui est très bien organisée et qui arrive à profiter des qualités de ses attaquantes. Vous n'avez perdu aucun match de Ligue A cette saison. Vous-est-il déjà arrivé de douter avant un match ? Je doute toute le temps par rapport à moi, à mon niveau. J'ai confiance en mon équipe. Je sais que si je ne joue pas bien, les filles peuvent relever le niveau. Je joue sur mes qualités, j'ai confiance dès que je suis sur le terrain, mais dès que je suis en dehors, à l'entrainement par exemple, je suis souvent dans le doute. Néanmoins, ça m'aide à avancer, à travailler et à ne pas me reposer sur mes lauriers. "Dès qu'on perd un set, on a l'impression que c'est une catastrophe nationale" Qu'est-ce qui fait la force du RC Cannes et qui lui permet de survoler les débats tous les ans dans le championnat de France ? C'est le travail. Même s'il ne faut pas oublier qu'on a un budget un peu plus élevé que celui de Mulhouse et qu'on peut ainsi se permettre d'avoir un banc avec des joueuses très fortes. Si on a des blessées par exemple, on peut quand même avoir un six majeur de qualité car on a de très bonnes remplaçantes. Le fait d'avoir un peu plus d'argent nous aide sur ce plan-là. Mais on a toujours respecté nos adversaires. Quand tout le monde dit que c'est trop facile pour nous et qu'on s'en fout, ce n'est pas vrai. On a même presque plus de pression que les autres en championnat parce qu'on est arrivé à un tel niveau qu'on n'a plus le droit de perdre. Dès qu'on perd un set, ça fait polémique et ça nous rajoute énormément de pression. Dès qu'on perd un set, on a l'impression que c'est une catastrophe nationale. N'êtes-vous pas lassé de ne pas avoir au moins un adversaire capable de contester votre suprématie ? C'est vrai que cette année, on a gagné tous nos matches face à Mulhouse, Le Cannet, et Istres. Ce sont les trois équipes qui peuvent nous mettre en difficulté. Mais les années précédentes, même si on est sorti vainqueurs de tous ces combats, on voyait que ces équipes-là pouvaient nous mettre en difficulté. Personnellement, je sais qu'il me reste de moins en moins de temps à jouer, donc je ne peux pas être lassé. Ce qui est sûr c'est que si le Championnat de France avait un niveau un peu supérieur, ça nous aurait beaucoup aidé sur le plan international. Quand on se retrouve en Ligue des champions, ce n'est pas le même niveau. On est souvent surprises par la hauteur et la rapidité des joueuses en face. Le temps de s'adapter, ça peut nous jouer des tours. Justement, comment analysez-vous votre parcours européen cette saison ? Il nous a manqué du temps de travail. On a récupéré nos joueuses principales juste une semaine avant le début de la Ligue des champions. Par ailleurs, on a commis une grave erreur en finissant deuxièmes de notre poule alors qu'on pouvait largement finir premières. On est ensuite tombé dans un groupe compliqué. On pouvait éviter cela. Je pense vraiment qu'on avait toutes nos chances d'aller en phase finale. "J'ai encore l'impression de servir cette équipe, d'être importante et décisive" N'avez-vous jamais eu envie de changer d'air et de tenter l'aventure autre part en France ou à l'étranger ? Ça m'est déjà arrivé. Peut-être deux fois où j'avais envie de tenter autre chose, autre part, mais je n'ai jamais réussi. Le fait de partir très jeune de chez moi, de tout reconstruire en France, je n'ai pas eu envie de refaire ça une deuxième fois. Ça aurait été trop dur. Après toutes ces années, je suis fière de participer à cette aventure avec le Racing. Je l'ai vu évoluer, j'ai évolué avec le Racing. Je pense que mon nom sera à jamais associé au Racing Club de Cannes et pour moi c'est une grande fierté. C'est pour ça que je ne regrette absolument pas de ne pas avoir tenté une autre carrière dans un autre club. Avez-vous prévu une date de fin de carrière ? Comment vous sentez-vous physiquement ? Non. Je ne prévois rien du tout. Je m'éclate toujours, je m'amuse à Cannes. Je suis toujours dans le six majeur d'une grande équipe. Je ne veux juste pas arriver à un point où je ferai partie des meubles et où on me gardera parce que ça fait quinze ans que je suis là. Même si une fin de carrière peut approcher très vite avec une blessure ou autre chose, ce que je ne souhaite pas. Mais pour l'instant, j'ai encore l'impression de servir cette équipe, d'être importante et décisive, c'est ça qui me plait et qui me pousse à continuer. Quel aura été votre plus beau souvenir du côté du RC Cannes ? Nos deux Coupes d'Europe, surtout la deuxième. Lorsqu'on a gagné la première, on était loin d'être favorites. Beaucoup disaient qu'on avait juste eu de la chance. Le fait de la confirmer l'année d'après, c'était quelque chose de magique. C'est mon plus beau souvenir. A l'inverse parlez-nous de votre plus grand regret ? Peut-être la deuxième place lorsque l'on a organisé le Final Four en 2006, à Cannes. Ce n'est pas une honte d'avoir fini deuxièmes mais on était à la maison, on était favorites. On a battu une grosse équipe de Bergame en demi-finale. Dieu n'a pas voulu nous aider ce jour-là. J'en garde un souvenir très amer même si une deuxième place européenne, ça reste pas mal. Comment voyez-vous l'après volley ? Je ne sais pas encore. J'y ai réfléchi bien sûr. Même si on a des plans, des idées, des propositions, on ne peut pas tout faire à la fois mais quoi que je fasse, j'aimerai bien avoir un pied dans le monde du volley, soit bénévolement soit professionnellement. C'est un monde qui me tient à coeur, que j'aime énormément.