Pantani : dans la chambre du drame

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avec AFP , modifié à
INDICES - L'AFP a pu se procurer le film vidéo réalisé par la police au moment de la découverte du corps.

C'est un film qui passionne l'Italie qu'a réussi à se procurer l'Agence France Presse (AFP) : celui tourné par la police de Rimini le 14 février 2004, au moment de la découverte du corps sans vie de l'icône du cyclisme italien, Marco Pantani. C'est aussi sur la foi de ces images que la famille du défunt champion s'est en partie appuyée pour relancer la thèse de l'homicide volontaire, balayée mardi par le médecin légiste en charge du dossier. Les indices que recèle cette vidéo aident à mieux comprendre les circonstances du drame et le débat enflammé qui continue de passionner l'Italie, dix ans après la mort du "Pirate".

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Une flaque de sang sous le corps. Le film visionné par l'AFP montre Pantani, en jeans et torse nu, la poitrine contre le sol, un bras replié sous lui. Une flaque de sang partant de la tête a gagné son torse. Un laboratoire d'analyse d'images mandaté par l'avocat de la famille Pantani, Antonio de Rensis, a établi que la flaque de sang ne correspondait pas à la position du corps. Le journaliste du Corriere Romagna, Andre Rossi, fournit une explication. Il raconte dans son ouvrage L'affaire Pantani, le dernier kilomètre (secrets et mensonges), publié chez NdA Press, que la dépouille "a été bougée car, avant la vidéo de la scène de crime, les urgentistes avaient essayé d'utiliser un défibrillateur sur Pantani".

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Des blessures au visage. Sur la vidéo de la police, on peut également voir quelques blessures au-dessus des paupières, du nez et de la bouche. Ces lésions ont conduit l'avocat de la famille du champion à évoquer la possibilité d'une bagarre. L'expert médico-légal de la famille, le docteur Francesco Avato, avait ainsi affirmé qu'il était "plausible" que les lésions aient été provoquées par une lutte entre Pantani et un éventuel agresseur. Mais le cycliste "n'a été ni agressé ni frappé avant de mourir", a insisté le légiste Franco Tagliaro dans son courrier au juge, sans préciser néanmoins les circonstances dans lesquelles le cycliste aurait pu être blessé.

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Une boule de pain avec de la cocaïne. Le film met en évidence la présence à côté du corps d'une petit boule qui s'est révélée être un mélange de cocaïne et de mie de pain. Un des premiers infirmiers présent sur la scène a affirmé dix ans après ne pas se souvenir de la présence de cette petite boule, ce qui a entraîné de fortes spéculations dans les médias italiens sur le fait qu'elle aurait été placée ultérieurement.

Une bouteille d'eau avec des traces de cocaïne. La caméra montre ensuite une bouteille sur une étagère, avec d'évidentes traces de cocaïne. L'avocat de la famille Pantani suggère que l'agresseur supposé aurait forcé Pantani à boire de la cocaïne diluée dans l'eau. Mais un tel mélange "est très corrosif, et aucune brûlure n'est visible sur le corps de Pantani", qui aurait résulté d'une ingestion forcée, rapportent les experts.

Une chambre en désordre. Le désordre régnant dans la chambre d'hôtel a été l'un des arguments utilisés par la famille Pantani et censés accréditer la thèse d'une agression. Or, le journaliste anglais Matt Rendell, auteur de La mort de Pantani et premier à avoir révélé la présence de cette boule de pain et de drogue, estime que l'état de la pièce correspond au contraire aux habitudes de Pantani, tombé dans l'addiction après son exclusion du Tour d'Italie 1999 pour un taux d'hématocrite trop élevé (une exclusion toujours contestée aujourd'hui, les défenseurs de Pantani soupçonnant une manipulation, ndlr). "Michael Mengozzi (partenaire de chasse et ami de Pantani, ndlr) et le docteur Giovanni Greco ont sauvé cinq fois Pantani" qui s'était enfermé pour se droguer, a expliqué Rendell à l'AFP, "et chaque fois, les circonstances étaient les mêmes : pièce barricadée, température montée au maximum, meubles éparpillés un peu partout".

Tous les éléments recensés dans la vidéo semblent renforcer la thèse d'une overdose de cocaïne, thèse officiellement retenue. "Les amateurs de polar ne trouveront pas le nom du coupable, parce qu'il n'existe pas", écrit le journaliste Andrea Rossini. "Les batailles judiciaires de la famille Pantani ne parviendront pas à démontrer la thèse de l'assassinat et du complot, trop fragiles face à l'examen critique." La mère du défunt, Antonia "Tonina" Pantani, répond qu'elle ne veut pas écouter les "mensonges" du journaliste sur la mort de son fils. L'auteur, lui, présente le combat actuel de la mère comme "une entreprise humainement compréhensible, mais désespérée".